En un combat douteux…

Roman de John Steinbeck.

En rejoignant le parti communiste américain, Jim Nolan pense faire une différence. Il veut agir et mettre à profit sa colère face aux injustices. « Mon père luttait contre les patrons ; moi contre la faim surtout. Mais nous étions toujours battus. » (p. 31) Avec Mac, camarade communiste, il rejoint la vallée de Torgas : la période est à la cueillette des pommes, juste avant la récolte du coton. L’objectif de Mac et Jim est simple : pousser les travailleurs à se mettre en grève et à réclamer de meilleurs salaires, injustement diminués avant les embauches. « Nous savons que vous avez souffert. […] C’est ce qui nous attend, nous, les petits. Nous travaillons pour que cela cesse. » (p. 193) Passé l’enthousiasme premier, il est difficile de maintenir l’exaltation et de mobiliser les hommes qui ont faim et qui craignent les représailles des propriétaires terriens et des forces de l’ordre. « Une grève trop vite étouffée n’apprend pas aux ouvriers à s’organiser, à agir ensemble. Une grève qui dure est excellente. Nous voulons que les ouvriers découvrent combien ils sont forts quand ils s’entendent et agissent d’un seul bloc. » (p. 40 & 41)

Mac, communiste aguerri, fait feu de tout bois pour attiser la colère des grévistes et faire durer le blocus. Il est prêt à consentir à de nombreuses pertes, y compris humaines, pour faire gagner la cause. Ce n’est pas cette grève qui compte, c’est l’avenir de tous les ouvrier·es, dans tous les champs et toutes les usines du pays. L’individu ne compte pas, pas plus que les intérêts particuliers : Mac voit grand, pour l’intérêt général. À ses côtés, Jim apprend le métier et ce que c’est qu’être un meneur de grève. Rapidement, le jeune homme dévoile des qualités précieuses et dépasse le maître. « Une foule, c’est merveilleux lorsque l’on peut se servir d’elle […] Une fois lancée, elle est capable de tout. » (p. 342)

John Steinbeck savait si bien écrire la pauvreté et le mécontentement des ouvrier·es et dénoncer les manigances obscènes des propriétaires et des patrons, toujours prompts au paternalisme. « Nous savons tous que nous ne pouvons pas gagner d’argent si les travailleurs ne sont pas heureux. » (p. 269) Ce roman m’a happée pendant de longues heures : j’étais comme Jim, fiévreuse et exaltée à l’idée de participer à un mouvement supérieur, guidée par le sens du bien commun. Preuve que ce texte est une grande œuvre, c’est que, même si le contexte change, le propos demeure très actuel.

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