Ginger est un joli chat et Pickles est un brave chien terrier. Tous deux tiennent la boutique à leur nom, Ginger and Pickles. « It was a little small shop just the right size for dolls. » (p. 11) Le petit magasin est très fréquenté et les propriétaires doivent réfréner leurs instincts carnivores. « But it would never do to eat our own customers ; they would leave and go to Tabitha Twitchit’s. / On the contrary, they wold go nowhere. » (p. 16) Par chance pour la clientèle, Ginger et Pickles ne passent jamais de l’autre côté de leur comptoir. La boutique est renommée pour deux choses : les étagères sont richement garnies d’un large choix de produit et, surtout, la maison fait largement crédit. Les clients en profitent éhontément, au détriment des commerçants qui, après avoir mangé leur fonds de commerce, n’ont pas d’autre choix que de mettre la clé sous la porte. Ce malheur commercial fait évidemment le bonheur des concurrents et des opportunistes.
On passe ici d’un humour un peu noir, avec les commerçants qui voudraient manger leur clientèle, à une conclusion assez triste avec la faillite de boutiquiers peu habiles en affaires et trop naïfs. Beatrix Potter a parfois une vision plutôt sombre de l’existence : ceux qui échouent ont tout intérêt à apprendre de leurs erreurs pour ne pas les reproduire.