Roman de Tiffany Tavernier.
Un matin, depuis le pas de sa porte, Thierry assiste à une opération policière d’envergure autour de la maison de son voisin et ami, Guy. « Nos deux maisons dans ce coin si tranquille… Il fallait vraiment qu’un truc de dingue soit arrivé à Guy et Chantal pour rameuter une telle armée. » (p. 14) Les si gentils voisins sont arrêtés : l’inspecteur évoque plusieurs meurtres, des jeunes filles disparues. Pour Thierry, c’est l’incompréhension : connaissait-il si peu Guy ? Puis surviennent le déni, la colère, la culpabilité et la perte de repères. Comment guérit-on de la perte d’un ami, surtout quand celui-ci est toujours vivant et jugé pour des atrocités ? Tout autour de Thierry s’effondre : ses certitudes, son quotidien tranquille, son couple. Lui, si solitaire et taiseux, aimant à sa manière, mais résolument mutique, doit apprendre comment ne plus repousser celles et ceux qui lui veulent vraiment du bien. Face aux vieux chagrins toujours à vif, Thierry a le choix entre guérir enfin ou s’accrocher à l’illusion du bonheur passé.
Après avoir découvert Tiffany Tavernier dans En vérité Alice, j’ai plongé tête la première dans cet autre portrait d’un être en errance. Une fois encore, l’autrice écrit la violence, ici sous un autre visage, et les ravages qu’elle fait à l’intimité, à l’identité et à la confiance. Il y a une immense finesse dans le dessin qu’elle fait de l’humanité. Je me garde ses autres romans pour les moments difficiles : je sens qu’ils peuvent tous m’apporter un apaisement profond.