Recueil de textes de Christian Bobin.
L’auteur est un homme constamment ouvert à l’émerveillement, un poète dans sa plus pure définition. « Ce qu’on appelle un poète n’est qu’une anomalie de l’humain, une inflammation de l’âme qui souffre au moindre contact. » (p. 11) Dans ce texte, il nous parle de la beauté fragile des lettres que l’on envoie, comme autant de mains tendues, et celle des lettres reçues, preuve qu’un lien vibre quelque part. Dans les phrases de Christian Bobin, il y a quelque chose du haïku, de l’aphorisme, de la vérité universelle, mais c’est une vérité humble, nourrie de bon sens. « Une petite fille mange du chocolat. Il y a plus de lumière sur le papier d’argent enveloppant le chocolat que dans les yeux des sages. » (p. 22) Le poète écrit sur les fleurs, les animaux, les rayons de soleil et les oiseaux. Il y a parfois un chat couché sur la lettre qu’il est en train d’écrire : ô temps, suspends ton vol !
Lire un ouvrage de Christian Bobin, c’est m’extraire des douleurs du monde pendant quelques pages et plonger dans un cocon de beauté et d’éclat. Plus rien n’est vraiment grave, mais tout est important.
Je vous laisse évidemment avec des extraits qui ont suspendu mon souffle pendant quelques secondes.
« Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m’avez pris le cœur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C’est une chose bien dangereuse que de lire. » (p. 8)
« Le monde a tué la lenteur. Il ne sait plus où il l’a enterrée. » (p. 9)
« Les hommes regardent les femmes et ils en perdent la vue. Les femmes regardent les mots d’amour et elles y trouvent leur âme. » (p. 9)
« Qui est maître de ses lectures ? Un livre nous choisit. Il frappe à notre porte. La charité, monsieur. La charité de me donner tout votre temps, tous vos soucis, toutes vos puissances de rêveries. » (p. 20)
« Personne n’a aujourd’hui plus mauvaise réputation qu’une petite fleur. » (p. 30)
« Quand je n’écris pas, c’est que quelque chose en moi ne participe plus à la conversation des étoiles. » (p. 33)