Peut-on encore manger des bananes ?

Sous-titre – Pour connaître l’empreinte carbone d’à peu près tout (de la baguette au TGV)

Essai de Mike Berners-Lee.

« Je voulais […] nous aider (vous aider) à développer une sorte d’intuition carbone. » (p. 12) Gramme, kilo gramme, tonne : collectivement, nous devons acquérir le réflexe de peser nos pratiques. Face à l’urgence climatique, chaque geste humain compte, mais rien n’est possible sans un mouvement global. L’auteur propose à chacun·e de se fixer un budget annuel carbone de 5 tonnes : comme pour la gestion du ménage, voilà qui suppose d’apprendre à compter et surtout de connaître les ordres de grandeur de nos choix quotidiens. Faire des économies carbone, c’est faire des économies tout court et accepter d’en finir avec la logique capitaliste de la croissance effrénée. « Nombre de progrès pour l’humanité induiront mécaniquement une décroissance du PIB selon les standards actuels. » (p. 87) C’est pourtant une évidence : moins nous achetons de produits neufs, plus nous réduisons notre empreinte carbone. Alors réparons, troquons, réutilisons, transformons, donnons !

Vélo ou covoiturage ? Bananes du Brésil ou fraises locales cultivées sous serre ? Pantalon en coton ou en polyester ? Certaines réponses ne laissent pas d’étonner, mais une certitude demeure : « Rien ne peut se substituer à la réduction de nos émissions de carbone. » (p. 29) Les mécaniques de compensation sont au mieux insuffisantes, au pire de la poudre aux yeux pour se donner bonne conscience. La démonstration de Mike Berners-Lee est claire et pratique. Avec des tableaux, des graphiques, des équations simples et des comparaisons pleines de bon sens, il explore tous les sujets : communication, transport, consommation, énergie, alimentation, habillement, logement, loisirs, etc. Son ton direct se fait parfois léger pour dédramatiser son propos, sans pour autant dédouaner les humain·es de leurs responsabilités. L’édition que j’ai lue est une adaptation de l’essai original aux spécificités hexagonales : oui oui baguette, mais surtout efficacité du mix énergétique français, tout y passe. « En tant que citoyen britannique, parler de vin à des lecteurs français est un exercice délicat. » (p. 122)

Le livre se présente comme un ouvrage de référence, un guide pratique à garder à portée de main et à consulter autant que nécessaire. L’auteur ne cherche pas à culpabiliser, mais à responsabiliser. La dernière partie propose des solutions concrètes à l’échelle des individus, des entreprises et des pays. « En agissant avec constance dans la bonne direction, vous encouragez les autres à faire de même ; et avec le temps, cet encouragement devient une pression. » (p. 281) Les quelque 40 pages finales de notes offrent des ressources colossales pour poursuivre la réflexion et la transformation de ses pratiques. Je range évidemment ce texte sur mon étagère de lectures écologistes. Je vais surtout le faire connaître largement autour de moi.

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