Chez les heureux du monde

Roman d’Edith Wharton.

Je ne vais pas résumer une nouvelle fois ce roman que j’ai lu en 2010. J’en avais gardé le souvenir d’un monde étourdissant où tout va trop vite pour la malheureuse protagoniste. « Ses ambitions avaient décru peu à peu dans la desséchante atmosphère de l’insuccès… Mais pourquoi l’insuccès ? Devait-elle s’en accuser elle-même, ou la fatalité ? » (p. 31) À tort, j’avais aussi en tête que tout finissait bien pour la délicate et ravissante Lily Bart. En termes de genre littéraire, Edith Wharton penche plutôt vers le cynisme dur d’Henry James que vers l’ironie légère de Jane Austen. « Quand une jeune fille est aussi jolie que cela, il vaut mieux qu’elle se marie : alors on ne pose plus de questions. » (p. 162)

J’ai donc redécouvert l’histoire avec des yeux plus mûrs et si je dois revoir un jugement, ce n’est pas celui que je porte sur Lily Bart, mais sur Lawrence Selden. La lâcheté de cet homme est sans fond : alors qu’il aurait les moyens de sauver l’objet de son affection, il se contente d’observer ses déboires, d’abord avec bonhommie, puis avec distance, prêtant foi à des rumeurs odieuses. Ce personnage est le plus grand coupable du roman et son orgueil est bien plus grand que celui de Lily.

Bref, relire, encore relire, toujours relire, et avec quel bonheur quand les textes sont impérissables !

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