
Ouvrage de Christian Bobin.
Le bleu du ciel. Le noir de Soulages. Le blanc de la neige. La musique de Glenn Gould. Le rire des enfants. La symphonie chromatique des fleurs. La lente procession du deuil. Il est toujours impossible de résumer un texte de Christian Bobin, mais l’on peut en retenir des impressions fortes, des images lumineuses. « Écrire, c’est dessiner une porte sur un mur infranchissable, et puis l’ouvrir. » (p. 3) Entre les chapitres, avec quelques phrases manuscrites, reproduites directement d’après la main de l’auteur, on découvre l’écriture d’un grand enfant, un peu irrégulière, hâtive, qui ne sait pas suivre la ligne et qui s’échappe irrésistiblement vers le haut. Comme appelée vers de plus beaux sommets. Et il y a toujours des mots qui résonnent profondément dans mon âme de personne malade de la dépression, mais qui refuse de se laisser engloutir. « Si mes phrases sourient, c’est parce qu’elles sortent du noir. J’ai passé ma vie à lutter contre la persuasive mélancolie. Mon sourire me coûte une fortune. » (p. 6)
Chacune de mes incursions dans l’œuvre de Christian Bobin est une randonnée jolie dans un champ d’hiver qui craque sous le givre. Je m’y retrouve, je m’y apaise, j’y reviens immanquablement. « L’éternel fait un bruit de papier froissé. » (p. 28)