Pirates du Rhône

Roman de Bernard Clavel.

Gilbert est un peintre qui donne parfois la main aux Balarin, braconniers dans le Rhône. L’homme mène une vie simple, faite de couleurs et de discussions tranquilles avec le Père Normand, vieux passeur qui fait traverser le fleuve. Le quotidien est paisible. Il faut bien sûr éviter les gendarmes pendant les pêches nocturnes, mais rien ne menace la petite existence de ce groupe de marginaux. Voilà cependant que des décideurs en costume prétendent canaliser le Rhône et dompter ses rives à Vernaison. « Gilbert sent en lui cette haine qu’entretient la rumeur du chantier. Une rumeur qui achève de tuer la chanson du fleuve. » (p. 41) Pour cet homme frugal, épris de beauté, la perte de son refuge est un séisme insupportable. C’est là qu’il pensait vivre toujours, avec la jeune Marthe pour compagne, mais le béton est patient, même face à une crue exceptionnelle. Gilbert est impuissant face aux projets des technocrates et à l’uniformisation de la nature. « C’est normal, petit. Tu es amoureux. Tu es jaloux de ton fleuve. Moins tu verras de monde autour de lui, plus tu seras heureux. » (p. 71)

Bernard Clavel était un magicien. Le Rhône, il le connaissait intimement, viscéralement : il en a fait une description vivante, précise et aimante. « Le fleuve est mieux qu’un homme quand on le connaît bien. Il se confie. Il vous parle avec des mots, avec des regards, avec des grimaces du visage. » (p. 16) Avec ce roman, l’auteur raconte qu’il existe des chagrins plus grands que le cœur, plus lourds que ce que les épaules d’un homme courageux peuvent porter.

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