Roman de Nokos Kazantzaki.
Un jeune écrivain, hanté par le « Bouddha », hérite d’une mine de lignite en Crète. La veille de son départ, il rencontre un homme, Alexis Zorba. Âge d’une soixantaine d’années, cet homme n’est que vitalité et mouvement. Zorba, employé par l’écrivain, lui ouvre les yeux sur les vraies joies de l’existence.
Ainsi parlait Zorba aurait pu être le titre ce livre. A la fin de ma lecture, j’ai quelques difficultés à dire si j’ai aimé ou non. Les théories que défendent les personnages sont grandiloquentes, parfois un peu agaçantes. Mais il y a des passages sublimes. La narration se suit comme un mythe antique: des rebondissements, des héros, une fatalité qui pèse sur le quotidien. La description initiale qui est faite de Zorba met sans aucun doute le lecteur en présence d’un personnage dense et charismatique. « Je comprenais que Zorba était l’homme que je cherchais depuis si longtemps sans le trouver. Un cœur vivant, une large bouche goulue, une grande âme brute. » (p 20). Mais où va le livre? Je ne sais pas vraiment. On a la romance pathétique entre Zorba et la veuve, l’entreprise de téléphérique qui met tant de temps à aboutir, la visite au monastère, etc. J’ai eu l’impression de plusieurs histoires qui se regroupent autour d’un même personnage, mais sans autre lien, ni sans logique apparente. On m’a dit beaucoup de bien du film avec Anthony Quinn. Peut-être que la vidéo m’aidera à comprendre le livre.
Pour finir, un bel extrait, page 141: « Je me souviens d’un matin où j’avais découvert un cocon dans l’écorce d’un arbre, au moment où le papillon brisait l’enveloppe et se préparait à sortir. J’attendis un long moment, mais il tardait trop, et moi j’étais trop pressé. Énervé, je me penchai et me mis à le réchauffer de mon haleine. Je le réchauffais, impatient, et le miracle commença à se dérouler devant moi, à un rythme plus rapide que nature. L’enveloppe s’ouvrit, le papillon sortit en se traînant, et je n’oublierai jamais l’horreur que j’éprouvais alors: ses ailes n’étaient pas encore écloses, et de tout son petit corps tremblant, il s’efforçait de les déplier. Penché au-dessus de lui, je l’aidais de mon haleine. En vain. Une patiente maturation était nécessaire et le déroulement des ailes devait se faire lentement au soleil; maintenant, il était trop tard. Mon souffle avait contraint le papillon à se montrer, tout froissé, avant terme. Il s’agita, désespéré, et, quelques secondes après, mourut dans la paume de ma main. Ce petit cadavre, je crois que c’est le plus grand poids que j’aie sur la conscience. Car, je comprends bien aujourd’hui, c’est un péché mortel que de forcer les grandes lois. Nous ne devons pas nous presser, ne pas nous impatienter, suivre avec confiance le rythme éternel. »