Trois fois par an, le Chauffeur conduit son bibliobus entre Québec et la Côte-Nord. Mais il a décidé d’arrêter. D’arrêter pour de bon. « Devenir vieux, c’est une chose qui ne m’intéresse pas du tout. J’ai décidé depuis un bon moment que la tournée d’été serait la dernière. Vous comprenez ? » (p. 46) Mais que pèse cette triste résolution face à Marie ? Elle est française, membre d’une fanfare qui parcourt le Québec dans un vieux bus scolaire. Et elle est belle comme le soleil d’automne voilé de brume.
Ce roman se résume facilement, mais il est loin d’être simpliste. Dans cette histoire d’amour délicate et pudique, la douceur des mots et des scènes m’a enveloppée. « Comme tous les timides, le Chauffeur avait quelques idées très personnelles : il était convaincu, par exemple, que si deux personnes étaient vraiment faites pour se comprendre, elles devaient aimer non seulement les mêmes livres et les mêmes chansons, mais aussi les mêmes passages dans ces livres et dans ces chansons. » (p. 35) Le récit est tendre envers ses personnages et ses lecteurs et il est bienveillant envers la mélancolie et les humeurs chagrines. « C’est vrai que les livres nous protègent […], mais leur protection ne dure pas éternellement. C’est un peu comme les rêves. Un jour où l’autre, la vie nous rattrape. » (p. 126) La tournée d’automne est un très joli texte sur le temps qui passe et l’amour qui revient. La demi-saison est encore pleine de promesses, même pour Jack, l’ami du héros, un auteur qui hait ses romans dès qu’ils sont publiés. Et j’en termine avec une citation qui porte sur deux sujets que j’aime profondément. « Les livres sont comme les chats, on ne peut pas toujours les garder. » (p. 115)