Recueil de contes rassemblés et complétés par Rafe Martin. Illustrations de Fred Socahrd
L’imaginaire du Japon est nourri par les spiritualités shinto et bouddhistes, mais aussi de légendes et de figures ancestrales. Il y a des esprits et des fantômes partout, des puissances et des dieux tantôt facétieux, tantôt cruels. Ces contes prônent la bienveillance envers le vivant et rappellent que protéger la nature, c’est s’en attirer les meilleures grâces. La magie est au cœur de chaque être : arbre, poisson, chat, oiseau, tous peuvent exaucer les promesses ou être l’instrument d’une juste colère supérieure.
Les morales de ces contes sont souvent des rappels et des mises en garde. L’homme est appelé à honorer ses promesses et à faire preuve de générosité envers toute chose. La curiosité est souvent fustigée, elle qui brise secret et silence et entraîne de tristes conséquences. « Père, mère […], je comptais rester toujours avec vous. Mais vous m’avez vue sous mon véritable aspect. Je suis la grue prise au piège que tu as sauvée, père. Je voulais vous récompenser de votre bonté. Je ne vous oublierai jamais, mais maintenant que vous savez la vérité, je ne peux demeurer davantage avec vous. » (p. 73) Face à la fugacité de l’existence, les transformations des êtres ne sont que plus spectaculaires et illustrent comment tout passe pour revenir autrement.
Chaque conte est précédé un haïku qui insuffle poésie et profondeur dans la lecture à venir. Devant certains textes, je n’ai pu m’empêcher de penser aux sublimes Nouvelles orientales de Marguerite Yourcenar, notamment « Comment Wang-Fô fut sauvé ». Je ne me lasse jamais des histoires immémoriales, éternelles et renouvelées.