En 1992, l’Amérique s’émeut de la découverte du corps d’un jeune homme dans un autocar abandonné, en Alaska. Christopher Johnson McCandless était parti depuis des mois d’Atlanta, laissant sa famille sans nouvelle, arpentant le sud des États-Unis avant de rejoindre l’extrême ouest du pays. Jon Krakauer est l’auteur du premier article de fond sur la vie météorique de Chris. Pour écrire son livre, il est allé à la rencontre des personnes qui ont connu et croisé le jeune homme. « McCandless a laissé une impression indélébile à beaucoup de gens dans le cours de son voyage initiatique. » (p. 77) Krakauer a retracé le périple ascétique de Chris vers l’Alaska, en cherchant à comprendre son idéal de liberté et d’austérité pure nourri de lectures. « Chris était de ces gens qui pensent qu’il ne faut rien posséder hormis ce que l’on peut porter sur soi. » (p. 54) Les circonstances de la mort du jeune homme restant floues, Jon Krakauer n’essaie pas de les percer, mais de montrer qu’au-delà du portrait romantique qu’il serait facile de faire de Chris, il existait une quête d’absolu et de sens qui n’a rien de celle d’un illuminé.
J’ai relu ce texte avec un immense plaisir et une grande émotion. Tentée depuis un certain temps de tout plaquer pour partir sur les chemins de Compostelle, je comprends un peu la recherche de Chris, son besoin de solitude, de communion avec la nature simple et avec lui-même. « Je ne veux pas savoir l’heure qu’il est, ni quel jour nous sommes, ni à quel endroit je me trouve. Tout cela n’a aucune importance. » (p. 22) Comme Chris, je suis très réceptive aux textes de Jack London et de Léon Tolstoï, à leurs idéaux de justice et de simplicité. Et comme lui, mes interrogations sont parfois peut-être un peu trop grandes. « Je pense que, peut-être, une partie de ses ennuis est venue de ce qu’il pensait trop. Parfois, il essayait trop de donner un sens au monde, de comprendre pourquoi les gens se font souvent si mal. » (p. 37)
Je me souviens avec émotion du film éponyme réalisé par Sean Penn, de l’intense beauté des paysages et de l’impeccable interprétation d’Emile Hirsch dans le rôle principal.