Frœur Dex et le robot Omphale cheminent toujours ensemble. La machine pensante cherche encore à comprendre de quoi les humains ont besoin. L’improbable duo a quitté les bois et passe de ville en ville. Omphale fait sensation : tout le monde veut voir le robot qui a choisi de reprendre contact avec les humains. Ces derniers sont curieux, mais ils respectent l’éthique qui veut qu’ils ne doivent pas faire travailler les robots pour répondre à leurs besoins. Dans leur communauté isolée et sauvage, les machines émancipées ont développé une philosophie raisonnée qui valorise le recyclage et respecte le passage du temps. « Nous nous cassons, et de nouveaux robots sont construits avec ce qui reste de nous. C’est la règle commune en ce monde. » Dans un monde où le pétrole est banni, où tout est biosourcé et pensé pour impacter le moins possible le vivant, même les machines finissent par s’éteindre.
Après Un psaume pour les recyclés sauvages, le deuxième tome des Histoires de moine et de robot se lit avec plaisir, mais il me semble que le récit aurait pu faire l’objet d’un roman unique et complet. Je retiens surtout de cette seconde partie la réflexion douce et profonde sur l’amitié et les raisons qui font qu’on choisit ou non de rester avec un autre être vivant. Becky Chambers a produit un conte de science-fiction apaisée, où la technologie n’est pas l’instrument du désastre ni une puissance hors de contrôle. Il est plaisant de lire une telle utopie sans condition ni menace.