Maud Martha voit le jour à Chicago au sein d’une famille noire pauvre. Sa sœur Helen est très belle, mais Maud Martha a pour elle son intelligence. Elle mise sur ses qualités pour réussir. « Ce qu’elle voulait, c’était offrir au monde une bonne Maud Martha. Telle était l’offrande, la parcelle d’art, qui ne pouvait venir de nulle autre que d’elle-même. Elle allait perfectionner et peaufiner cela. » L’enfance et l’adolescence se passent. Les rêves se font moins brillants, mais pas l’ambition de Maud Martha. « Elle avait dix-huit ans et le monde attendait. De pouvoir la caresser. » Puis surviennent le mariage et la maternité : la vie se fait modeste, parfois médiocre. De monotonie en espoirs déçus, le roman explore ce qu’il en est d’être une femme noire dans l’Amérique des années 1940.
Très largement inspirés de l’existence de l’autrice, les 34 chapitres de ce roman sont autant de portraits, pris à des moments très précis, d’une femme qui découvre qui elle est et comment le monde la voit. Les désillusions sont douloureuses et la colère est puissante face à l’insidieuse violence raciale qui règne en Amérique. Gwendolyn Brooks est avant tout poétesse : ce texte est son unique roman, et c’est une œuvre majeure du féminisme noir.