Roman graphique de Lou Lubie.
Rose vit à La Réunion. Elle est une créole blanche aux cheveux crépus. « Même le chien avait le poil plus lisse que moi ! » (p. 8) Depuis son enfance, elle se croit laide à cause de ses cheveux si difficiles à discipliner. Son métissage l’empêche de trouver sa place et d’affirmer son identité. « Je n’étais pas noire… Et les petites filles blanches ont les cheveux lisses. » (p. 14) Quand Rose s’installe à Paris pour ses études, elle se satisfait d’une tête tondue, facile à entretenir et qui lui permet de s’affranchir enfin des mains expertes de sa mère. Mais ses cheveux, pourtant, sont une part de son image et une des raisons de sa dysmorphophobie. Quand elle décide de les laisser repousser, elle découvre le prix des tissages, des défrisages, des tresses et tout le business autour des cheveux afro. Avec la taxe rose en prime, évidemment ! « Je paye le double prix du sexisme et du racisme. » (p. 198) Longues sont les années avant que Rose accepte enfin ses cheveux au naturel, grâce à un entretien approprié. Fini de se cacher à la moindre repousse, fini de se laisser dominer par l’oppressif stéréotype capillaire des souples chevelures européennes ! « L’UNESCO a classé le défrisage parmi les séquelles psychologiques de la traite négrière. » (p. 107) En faisant la paix avec ses cheveux, Rose fait la paix avec son physique et, plus généralement, avec son identité créole réunionnaise.
La première de couverture est une merveille graphique et sensorielle. Sans trop m’avancer, je pense pouvoir dire que l’autrice a mis beaucoup d’elle dans cette œuvre. Elle donne une masse considérable d’informations sur les cheveux, qu’il s’agisse d’histoire, de biologie, d’économie ou de sociologie. Oui, le poil (de tête) est politique ! « Notre société assimile la beauté à la jeunesse, dont la longueur des cheveux est un marqueur social. En se coupant les cheveux, les femmes qui vieillissent quittent la jeunesse et renoncent à leur désirabilité. » (p. 64) En fin d’ouvrage, les sources documentaires invitent à poursuivre la réflexion sur ce sujet majeur. Non, les cheveux, ce n’est pas futile. Être recalé·e à un entretien d’embauche à cause de sa coupe, c’est illégal. Non, il n’existe pas une seule façon d’être une femme bien coiffée : aussi séduisants que puissent sembler les cheveux lisses, les cheveux bouclés/crépus ont droit de cité et surtout droit au respect ! « C’est comme si les cheveux des femmes concernaient tout le monde. » (p. 90) Avec cette très belle œuvre, qui m’a rappelé Americanah de Chimamanda Ngozi Adichie, Lou Lubie montre que les racines capillaires plongent aussi profondément que les racines familiales et historiques : on peut toujours essayer de les arracher, mais la nature trouve toujours un chemin…
Je n’arrive pas à poster de commentaire sur ton site quand je suis dans le lecteur de WordPress, je dois aller sur ton site pour ça. Enfin, ce n’est pas bien grave, encore une bizarrerie informatique…
Sinon, je me note cet ouvrage. Le message est fort et j’aime beaucoup la fin de ton article.
Bises.
Hmmm… je vais regarder pourquoi ça coince de ton côté… j’ai peut-être paramétré un truc de travers… Peux-tu me dire le problème exact que tu rencontres ? Bises
Ah, je ne reçois pas tes réponses non plus… Bon…
En fait, lorsque je vais dans le lecteur, il n’y a pas le bouton pour laisser un commentaire comme pour les autres blogs.
Je me penche sur le problème demain !