Roman de Margaret Atwood.
À la fin de La servante écarlate, le lecteur apprenait que le régime de Giléad/Galaad (la traduction change) était tombé et faisait l’objet de nombreuses études. Avec la série télévisée produite par Hulu, le téléspectateur découvre ce qui arrive à Defred après qu’on l’ait quittée dans l’avant-dernier chapitre du roman original. Avec Les testaments, le lecteur/téléspectateur comprend comment Galaad est tombé grâce aux témoignages de trois femmes dont les destins n’ont pas cessé de se croiser entre le premier roman et la série. Le récit d’une Tante, entre souvenirs de la fondation du régime et espoir qu’il s’amende, porte sur Galaad un éclairage qui est loin d’être manichéen. « J’imagine que tu t’attends à de pures horreurs, mais en réalité, des tas d’enfants étaient aimés et chéris à Galaad comme ailleurs, et des tas d’adultes était gentils quoique faillibles à Galaad comme ailleurs. […] Accorde-moi aussi la possibilité de pleurer la perte de tout ce qui a pu être bien. » (p. 14) Alternent également les témoignages de deux jeunes filles : l’une a grandi à Galaad et s’apprête à accomplir son destin de femme ; l’autre a grandi au Canada et regarde avec horreur la dictature voisine. « À moins d’être une sorte de monstre, comment pouvait-on être pour Galaad ? Surtout si on était une femme ? » (p. 51)
Quand la Tante écrit « Je connais les secrets de Galaad, j’ai œuvré pour. », impossible de ne pas comprendre que c’est Margaret Atwood qui parle. Cette suite de La servante écarlate me semble être une façon pour l’autrice de reprendre la main sur son histoire et ses personnages face au traitement qu’en fait la série. Je trouve cette dernière excellente, en ce qu’elle a parfaitement respecté le livre original dans la première saison tout en sachant l’actualiser pour que cela corresponde à nos réalités technologiques, mais également parce qu’elle extrapole dans les saisons suivantes tout un univers cohérent à partir du matériau de base. Mais Les testaments, ce n’est pas seulement un geste d’humeur de l’autrice, c’est en fait profondément intelligent puisque Margaret Atwood intègre des personnages de la série dans son nouveau texte. Ainsi, apprendrons-nous enfin ce qu’est devenue Bébé Nicole ? En saurons-nous plus sur Mayday, le réseau clandestin qui aide les femmes à échapper à Galaad, version moderne de l’Underground Railroad des esclaves américains ? Retrouverons-nous Defred, l’héroïne dont on suivait le récit dans le roman original ?
À voir maintenant comment la série intégrera les lignes directrices données par cette suite du premier roman. « Une fois qu’une histoire qu’on croyait vraie se révèle fausse, on doute de toutes les autres. » (p. 308)