Nouvelles d’Émile Zola.
La mort d’Olivier Bécaille – Il ne bouge plus. Il ne respire plus. Il ne voit plus. C’est certain, Olivier Bécaille est mort. Et pourtant, il entend tout ce qui se passe dans la chambre. « La mort n’était donc pas le néant puisque j’entendais et que je raisonnais. » (p. 13) Il suit les préparatifs de son enterrement et entend le chagrin de sa jeune épouse. Alors, est-il vraiment mort ?
Nantas – Monté à Paris et dévoré d’ambition, Nantas est certain de faire fortune. Mais les portes ne s’ouvrent pas comme il le voudrait. Ah, il est prêt à se vendre si ça peut le faire réussir. « Il y avait chez Nantas une ambition entêtée de fortune qu’il tenait de sa mère. C’était un garçon de décision prompte, de volonté froide. » (p. 38) Voilà que se présente une femme qui lui propose de se marier : se faisant, il assure sa propre fortune et il sauve une jeune fille. Mais ce marché ne serait-il pas de dupes ?
L’inondation – Il est une famille de fermiers prospères sur les bords de la Garonne. Les récoltes sont exceptionnelles, le bétail est gras, les mariages sont heureux et les enfants sont nombreux. Pas de doute : cette famille est bénie de Dieu. Hélas, la cruauté du sort va s’acharner sous la forme d’une inondation. « Nous entendions le gémissement sourd de la maison pleine d’eau, sonore, avec ses cloisons qui craquaient déjà. »(p. 83) Réfugié sur le toit de sa demeure, le patriarche se demande s’il va tout perdre, s’il est possible d’espérer en la clémence divine.
Les coquillages de M. Chabre – M. Chabre est un vieux marchand de grains enrichi après des années de négoce. Hélas, son mariage avec la jeune et belle Estelle reste sans enfant. « Un homme qui a gagné cinquante-mille francs de rentes a certes le droit de s’étonner qu’il soit plus difficile d’être père que d’être riche. » (p. 95) Selon les conseils d’un médecin, le couple part en Bretagne où M. Chabre va se bourrer de coquillages soi-disant dotés de vertus fortifiantes. Évidemment, la rencontre d’un jeune Breton, blond et fort, n’aura aucun rapport avec la future grossesse de la belle épouse Chabre.
Quel plaisir de retrouver mon Émile dans ces textes courts où il a déployé tout son talent : en quelques mots, il plante un décor et campe des personnages. Le lecteur n’a qu’à se laisser aller et à suivre les intrigues. Zola avait un don pour saisir le ridicule des bourgeois, des nouveaux riches et des maris cocus. Mais il est impossible de ne pas sentir la tendresse qu’il nourrit pour les personnages qu’il soumet aux pires avanies. Comme toujours avec Émile Zola, j’en demande encore.