Hors-série de l’été 2018 du magazine Le 1, recueil de nouvelles, collectif. Illustrations de Julie Guillem.
Je ne lis pas de magazine. Je suis incapable de me plier à leur fréquence, et mes quelques abonnements se sont accumulés sur une étagère sans que je les ouvre. Et j’ai tellement de livres à lire que j’ai l’impression de les trahir si j’ouvre autre chose. Ne cherchez pas à comprendre, c’est dans ma tête, tout est sous contrôle. Mais la première de couverture a su m’allécher : Philippe Claudel, Carole Martinez, Léonor de Récondo ou encore Lola Lafon. Impossible de résister.
Dans ce livre, vous trouverez :
- Un procès pour agression dans le métro,
- Une personne ressurgie d’un passé qui reste obscur,
- Une séduction méthodique et frénétique grâce à un livre,
- Un rouge-gorge empaillé offert en menace d’amour,
- Frida Kahlo, Diego Rivera et André Breton,
- Un jeune pianiste timoré qui devient un séducteur de haut vol,
- Une histoire d’amour pas comme dans les films ou les romans,
- Une violoniste prisonnière de Versailles,
- L’odieux engrenage judiciaire qui suit un viol conjugal,
- Un couple adultère qui rêve d’échapper au mari brutal,
- Un couple interdit entre Alger, Oran et Paris.
Les 11 textes sont ciselés et d’une qualité presque égale, mais tous ne m’ont pas séduite. « Mon objectif est de toucher à la séduction absolue. Je voudrais inventer la phrase qui m’ouvrirait toutes les femmes. Le sésame. » (p. 66) Je n’y peux rien, le style de David Foenkinos me tape sur les nerfs optiques… La nouvelle de Philippe Claudel, qui ouvre ce recueil, m’a beaucoup rappelé l’absurde inexorable qui se met en branle dans son roman L’enquête. « Il est tout de même plus sain de contractualiser le désir et l’amour avant leur émergence. » (p. 15) Se plaçant du point de vue du séduit ou du séducteur, chaque texte parle d’amour, de désir, mais aussi de peur. Car séduire ou être séduit, ça cache bien des angoisses. « Jeu cruel ou hasard miraculeux, la séduction tient ainsi à l’approche du mystère de l’autre, à cette volonté de le dénuder pour en apprécier la vérité. » (p. 7) Et la séduction prend bien des formes : on peut séduire honnêtement, par hasard, en groupe, en traître, sans le vouloir, en le regrettant. « Où se niche la frontière entre le charme et la provocation ? Doit-on défendre, au nom du droit à séduire, la liberté d’importuner ? » (p. 5) Où commence la fiction ? Où s’arrête la réalité, voire l’actualité ? Ce recueil n’est pas un vade-mecum de la séduction, mais en quelque sorte un inventaire à la Prévert que l’on pourrait intituler « Quel séducteur êtes-vous ? »