Roman de Carole Martinez. Prix Renaudot des lycéens 2007.
Dans la famille Carasco, au terme d’une initiation longue et mystérieuse, les femmes se transmettent de génération en génération un coffret qui recèle leur don. Quand Frasquita ouvre le coffret, les secrets de la broderie se révèlent à elle. Son talent la fait connaître au-delà des limites de Santavela, son petit village d’Andalousie. Un peu sorcière, Frasquita sait aussi recoudre les hommes. Jouée et perdue par son époux lors d’un combat de coq, Frasquita est cédée à un homme qui abuse d’elle. Accusée d’adultère, elle doit quitter le village. Commence une longue errance dans laquelle elle entraîne ses six enfants. Chacun d’eux possède un don extraordinaire. L’aînée muette, Anita, est une conteuse qui sait les choses sans les avoir vues ni entendues. Angela, que d’étranges plumes accompagnent, possède une voix assassine et affolante. Pedro el rojo est une force de la nature dont la seule passion est de dessiner. Martirio a le don de la mort au bout des lèvres. Clara ne vit que de lumière et de soleil. Par-delà la mer, les robes de noces que tisse Frasquita sont l’ultime indice qui permettra à son époux de la retrouver. Et c’est Soledad, la dernière enfant, qui écrit l’histoire de sa famille.
La première partie m’a laissée perplexe. Plus d’un épisode est largement inspirée de Cent ans de solitude de Gabriel Garcia Marquez. Le cadre-même de cette fable est fort ressemblant. L’action se déroule dans un village perdu d’Andalousie, à une époque bien nébuleuse. Seule une furtive allusion à Louis Pasteur permet de situer les évènements. Il y a dans chaque personnage une dimension merveilleuse, de magique et de folle qui donne au texte une puissance de conte. Les règles du temps sont mises à mal. Les enfants assistent au mariage de leurs neveux alors même que les parents de ceux-ci ne sont encore que des enfants. J’ai beaucoup aimé la mythologie familiale qui inscrit la filiation dans un passé immémorial et légendaire. La langue est soutenue, travaillée, vraiment poétique. Seul regret : le titre ne reprend qu’un court épisode du livre. Il est bien trop réducteur.