Roman d’Alice Walker. Titre original: Cher Bon Dieu. Prix Pulitzer en 1984.
Célie et Nettie sont deux sœurs tendrement liées, dans l’Amérique du début du 19° siècle. Violée par son père, contrainte d’abandonner leurs enfants, Célie est donnée à un homme violent, qui la sépare de sa sœur. Célie commence à écrire au Bon Dieu pour parler de sa vie et de sa peine. Pendant des années, elle subit la brutalité de son époux et l’indifférence de son entourage. Elle trouve refuge et tendresse auprès de la maîtresse de son mari, la sulfureuse Shug Avery, croqueuse d’hommes et épicurienne. Peu à peu, Célie apprend le respect d’elle-même. Sa sœur Nettie lui manque toujours cruellement. Les années passant, elle s’est persuadée de sa mort. Jusqu’au jour où elle trouve toutes les lettres que sa sœur n’a jamais cessé de lui écrire et que son époux lui a dissimulé.
C’est une belle histoire. Mais j’ai très vite été agacée par le ton infantil’ de Célie. Elle n’a pas d’éducation, c’est certain, mais cette ingénuité constante est insupportable. Néanmoins, la construction du récit est bonne. L’échange de lettres qui se croisent et se répondent sans le savoir comble les lacunes et répond aux questions soulevées par l’avancée de l’histoire. On a le point de vue de deux femmes noires dans deux environnements où elles ne trouvent pas leur place: l’une en Amérique, l’autre en Afrique. Il me semble que le titre original, en anglais bien sûr, convenait mieux au texte.
J’ai été bouleversée par le film produit en 1985 (décidément une très bonne année!) par Steven Spielberg. Whoopi Goldberg signe une de ses plus belles interprétations, aux côtés de Danny Glover, épatant de méchanceté et d’étroitesse d’esprit, et d’Oprah Winfrey, superbe en passionaria afro-américaine. La chanson Miss Celie’s Blues, que Shug Avery dédie à Célie, me fait toujours autant vibrer d’émotion.