Recueil de nouvelles d’Edith Wharton.
La cloche de la femme de chambre – Miss Hartley devient la femme de chambre de Mrs Brympton, une jeune femme à la santé fragile, dans une lugubre demeure de l’Hudson. Mais ses attributions sont bien floues. « Voilà qui était bien étrange : une femme de chambre que la bonne devait aller chercher chaque fois que sa maîtresse avait besoin d’elle ! » (p. 22) En effet, la cloche de Miss Hartley ne sonne jamais et il plane sur la maison le spectre de l’ancienne femme de chambre.
Les yeux – Voir mon billet sur la nouvelle Les yeux.
Plus tard – Le couple Boyde veut acquérir une maison en Angleterre. Venus d’Amérique, les époux sont à la recherche d’un certain pittoresque dans la vieille Europe. « Je n’arriverai jamais à croire que je vis dans une vieille maison si je ne manque pas totalement de confort. » (p. 78) Plus que tout, ils veulent leur fantôme. Mais à Lyng, la maison qu’ils ont achetée, le spectre est imperceptible. « Lorsqu’on voit le fantôme de Lyng, on ne s’en aperçoit pas. » (p. 87) Quand Mr Boyde disparaît après avoir suivi un inconnu, Mrs Boyde s’inquiète. Ce n’est que plus tard qu’elle comprendra ce qui s’est passé.
Kerfol – Le narrateur visite la demeure de Kerfol en vue de l’acheter. La maison est fermée et le visiteur est accueilli par de nombreux chiens muets. Les lieux dégagent une atmosphère sombre et renferment une histoire terrifiante. « Aucune maison n’avait assurément rompu de manière aussi complète et définitive avec le présent. Ainsi campée, avec ses toits fiers et ses pignons dressés vers le ciel, elle aurait pu être son propre monument funéraire. » (p. 121) Qui sont ces chiens et quelle est l’histoire des anciens propriétaires des lieux ?
Le triomphe de la nuit – Mr Faxon est le nouveau secrétaire de Mrs Culme. Il arrive à Northridge par une froide nuit d’hiver et personne n’est là pour l’accueillir. Il accepte l’hospitalité de Mr Lavington et passe la soirée avec des notables de la région et avec Rainer, le neveu souffrant de son hôte. Mr Faxon aperçoit une silhouette menaçante au cours de la soirée. « Tandis que le visage de Rainer s’éclairait, celui du personnage placé derrière la chaise de son oncle paraissait concentrer dans son regard toute la lassitude féroce de haines insatisfaites. » (p. 170) Mais à qui s’adresse cette menace ? À Mr Lavington, à son neveu ou à son hôte ? La réponse viendra au plus fort de la nuit.
Dans ce recueil de nouvelles fantastiques, les fantômes sont les habitants légitimes des vieilles maisons. Ce systématisme rend la terreur commune, l’angoisse acceptable. Les bâtisses sont plus qu’hantées, elles sont habites et possédées. D’une façon assez subtile, elles ne sont plus aux mains des humains, mais aux mains de créatures intangibles. Et c’est là que réside le triomphe de la nuit, quand le territoire des hommes recule.
Je préfère Edith Wharton dans ses romans bourgeois où elle critique la société américaine. Mais elle signe ici des nouvelles glaçantes et un rien complexe. En effet, si j’ai vraiment apprécié la première nouvelle, je n’ai pas compris sa chute, même après plusieurs lectures. Mais que cela ne vous arrête pas : les amateurs de demeures sifflantes et de mornes spectres trouveront leur bonheur dans ce recueil !