Jack a cinq ans aujourd’hui et il est très content de passer toute la journée avec sa maman dans la Chambre. Comme toutes les autres journées. Depuis toujours. Jack n’est jamais sorti de la Chambre et sa maman y vit depuis très longtemps. Cette vie à deux pourrait être idéale. Mais non. Parce que la télévision est le seul extérieur que Jack connaît et sa maman n’en peut plus de lui mentir, de lui inventer une vie idéale. « Moi je crois qu’elle peut expliquer : elle veut pas, c’est tout. Mais tu peux me le dire, j’ai cinq ans maintenant. » (p. 92) Et surtout parce qu’il y a Grand Méchant Nick qui vient la nuit et monte dans le lit de la maman. « On est comme les personnages d’un livre et, lui, il ne laisse personne l’ouvrir. » (p. 137) Alors c’est décidé, la maman va trouver un stratagème pour faire sortir Jack. Mais quelle vie attend un petit garçon qui n’a connu que l’espace confiné d’une chambre de trois mètres sur trois ?
Ce roman présente un fait qui, hélas, pourrait tout à fait être divers. Tout le récit est porté par Jack qui, avec ses mots et ses raisonnements de petit garçon, essaie d’appréhender tout ce qu’il vit et d’y trouver une logique qui ne soit pas effrayante. Le roman d’Emma Donoghue m’a rappelé La ballade de Lila K de Blandine Le Callet et à Claustria de Régis Jauffret, deux textes où l’horreur semble toujours trop improbable, mais qui hurle pourtant au visage de la réalité pour faire tomber les masques. Ouvrez Room et ressentez le plaisir terriblement pervers et ambigu de la claustration.
Un grand merci à l’amie qui m’a offert ce livre. Elle a visé juste !