Après avoir tragiquement perdu ses parents, la jeune Lavinia est recueillie par le capitaine du bateau qui emmenait sa famille en Amérique. Confiée aux soins de Belle, la cuisinière métisse du domaine, elle grandit dans la maison des esclaves et apprend diverses tâches domestiques. En grandissant, elle devient une beauté et attire l’attention du fils de la famille, Marshall. Installée dans la grande maison, elle ne peut oublier ceux qui furent plus que des amis pour elle quand elle était seule et perdue : Belle, Mama Mae, Papa George, Fanny et Beattie sont sa première famille. « Voilà ce que je sais. La couleur, le papa, la mama, on s’en fiche. On est une famille, on prend soin les uns des autres. La famille nous rend plus forts quand les temps sont durs. On se soutient tous, on s’aide tous. C’est ça une famille. » (p. 187) Lavinia est donc tiraillée entre la colline aux esclaves et la maison des maîtres et elle est prise dans le tourbillon des mensonges, des secrets et des drames qui frappent les deux familles.
Ce récit est porté par Lavinia, des années après les premiers évènements qu’elle relate. Hélas, écrire des souvenirs ne doit pas rendre la narration complètement improbable. Au début du récit, la jeune Lavinia est traumatisée et souffre de pertes de mémoire, ainsi qu’une grande faiblesse physique. Mais Lavinia adulte raconte des souvenirs d’une extrême précision, ce qui me semble parfaitement impossible. L’enfant avait sept ans et probablement bien d’autres choses à faire que de retenir les discussions qui émaillaient son quotidien. Mais non, tout est là, jusqu’au plus petit détail. Autre chose : comment peut-elle raconter des discussions qui ont eu lieu en son absence ? Quelques chapitres sont confiés à la narration de Belle, ce qui permet d’intégrer des évènements que Lavinia n’a pas vus, mais le texte souffre hélas d’incohérences qui sont bien insupportables de mon point de vue.
Par ailleurs, ce roman est émaillé de drames : les enfants ne vivent pas bien longtemps ici, ce qui colle assez avec la réalité de l’époque. Les esclaves souffrent sans cesse, battus par des maîtres et des contremaîtres brutaux et cruels : là encore, on est proche de l’histoire. Mon souci avec cette débauche de pathos et de douleurs est que La colline aux esclaves n’a pas le souffle d’un texte comme Racines : on est plus proche d’un Autant en emporte le vent, l’ampleur romanesque en moins. Bref, vous l’aurez compris, je n’ai pas trouvé mon compte dans ce roman.