« Tout passe, tout casse, tout lasse. » C’est le dernier conseil laissé par Papito à son petit-fils, Kolia. À la mort de son grand-père, ce dernier commence l’écriture d’une longue lettre adressée à son arrière-petite-fille, vie qui n’existe pas encore. D’une génération qui disparaît à une génération qui n’a pas encore poussé son premier cri, Kolia est un lien vivant qui entreprend de se souvenir pour ne pas disparaître. « J’ai compris que je vais mourir toute ma vie, comme tout le monde, je mourrai quand j’apprendrai la mort des autres. » (p. 166) Il raconte les vacances, l’école, la famille, les premières fois – premier baiser, première peur, première conscience de sa présence au monde, etc. –, les joies et les peines. « Je retourne me coucher, mais j’ai changé. C’est la première fois que je vois mon père pleurer. » (p. 218)
Loin d’être une simple compilation de souvenirs, ce roman est un hommage ému à l’enfance et une nouvelle définition de la nostalgie. « Les adultes font souvent mine de s’étonner du désespoir baroque des adolescents, mais cet étonnement est un leurre, ils n’y croient pas eux-mêmes ; au fond, ils savent très bien à quel point c’est compliqué de se relever quand on tombe de son enfance. » (p. 47) Portée par une très jolie plume, cette histoire donne envie de serrer une vieille peluche contre soi, d’ouvrir un album photo ou de téléphoner à une grand-mère ou un vieil ami. Au détour de certaines pages, je suis un peu tombée amoureuse de Kolia. J’ai pleuré avec lui (et pas qu’un peu) la mort de son chien. Nicolas Delesalle offre un premier roman très réussi, parfois un peu pataud dans l’émotion, mais véritablement attendrissant.