Le shérif Walt Longmire est chargé du convoi qui transfère Raynaud Shade, terrifiant sociopathe, dans une autre juridiction. « J’avais côtoyé des fous dans ma vie, mais aucun n’était doué de la malveillance pure dont cet homme paraissait pétri. » (p.24) À l’approche des Bighorn Mountains, dans le Wyoming, Shade révèle qu’il a enterré une de ses victimes dans les environs. Alors que le blizzard se met à souffler dans les montagnes, Shade s’évade. Walt Longmire se lance à sa poursuite dans la tempête. « Tuer un homme, même un homme coupable, qui ne voit pas celui qui le menace, et le tuer de très loin n’était pas compatible avec la définition de mon boulot. » (p. 180) La chasse à l’homme se double d’un combat contre la nature et contre certains démons intérieurs.
Le récit très dynamique est également très visuel et pourrait parfaitement être porté à l’écran. Entre hallucinations hypothermiques et croyances indiennes, l’histoire garde un équilibre parfait et Walt Longmire, shérif dur à cuire, est un héros solide et crédible même dans les situations les plus improbables. Raynaud Shade est un antagoniste taillé à sa mesure, sa nemesis et le miroir de ses propres fautes. « Je sentais la destruction froide et perverse que Raynaud Shade avait apportée avec lui, une infection qu’il traînait dans son sillage comme une malédiction. » (p. 269) Il est aussi question d’un enfant mort et d’un géant indien qui défie le temps et qui s’institue le guide spectral de l’audacieux shérif. Ponctué de références à L’enfer de Dante, le texte est une belle interprétation de la traversée des neuf cercles infernaux, le tout saupoudré d’un humour viril et bourru qui donne véritablement envie de découvrir les autres (més)aventures de ce shérif dur à cuire. « Je ne pouvais pas mourir – il y avait trop de femmes qui me tueraient. » (p. 213)
Voici encore un bel ouvrage publié par les talentueuses éditions Gallmeister !