Pop, Bethsabée, Sophie, Johannes, Thomas et Henri font brutalement connaissance quand une fille meurt d’une overdose au cours d’une soirée. Ils sont tous jeunes, certains plus que d’autres et ils ne veulent pas vivre à moitié. « Tu ne voudrais quand même pas rater ta jeunesse ! » (p. 13) Unis malgré eux par la mort de l’inconnue, ils se retrouvent, discutent, créent des liens. Mais cette amitié qui a fleuri sur une tombe est-elle réelle ou n’est-elle qu’un prétexte, une excuse ou une échappatoire ? « Le simple fait de nous réunir de temps à autre ne prolongera pas la vie de la fille arc-en-ciel… » (p. 129) Les mois passent, la jeune fille de la fête est toujours morte, mais eux sont toujours vivants, avec leurs peurs, leurs doutes et leur envie d’en découdre. Chacun à sa manière a compris la valeur et la brièveté de l’existence. « Vulnérable, mais vivant. » (p. 23)
J’avais apprécié Pastel fauve, le premier roman de Carmen Bramly, principalement pour les promesses qu’il portait : promesse d’une écriture qui ne pouvait que gagner en maturité en ne perdant pas – l’espérais-je – sa candeur incisive. Je suis bien désappointée avec ce troisième roman. Si maturité il y a, il reste surtout des traces d’une adolescence mal dégrossie. Les personnages de ce roman ne sont à mes yeux que des caricatures d’adolescents qui font tout à l’extrême, sauf espérer. Mais le pessimisme de ce texte n’est que la posture, me semble-t-il d’une jeune auteure qui a du mal à faire grandir sa plume. La maladresse emphatique des situations et des déclarations est bien loin de la finesse aiguisée qui m’avait charmée dans Pastel fauve. J’en veux pour preuve des phrases comme celle-ci : « La vie les avait jetés l’un contre l’autre, et ils se devaient d’honorer le hasard en sauvant leur amour. » (p. 151) C’est beau comme un poème d’adolescent et c’est bien là que le bât blesse. Dans son premier roman, à 15 ans à peine, Carmen Bramly faisait montre d’une plus grande ambition littéraire en évitant précisément ce genre de phrase à l’eau de rose rallongée de vodka tagada.
J’ai finalement trouvé bien plus de sincérité, de vérité et de style dans la lettre finale que l’auteure adresse à un ami perdu. Dans cette missive, oui, il y a de la littérature. Dans le roman qui la précède, il n’y a qu’un brouillon de texte qui aurait mérité un peu plus de travail.