À Pagford, tranquille bourgade anglaise, c’est l’effervescence quand Barry Fairbrother, notable très en vue, passe l’arme à gauche. « Tout cela était terriblement excitant. » (p. 33) Il y a désormais un siège à pourvoir au Conseil paroissial, une place à prendre ! « Tous […] se représentaient cette place à prendre non pas comme un espace vide, mais plutôt comme un chapeau de magicien, regorgeant de possibilités. » (p. 66) De l’occupation de ce siège vide dépend l’avenir de la Cité des Champs et de la clinique de désintoxication de Belchapel, deux sujets sensibles à Pagford.
Alors que les candidats cherchent à rallier l’opinion, des messages compromettants apparaissent sur le site du Conseil paroissial : les candidats ont tous quelque chose à cacher. On entre alors dans l’intimité des familles pour découvrir des maris violents, des épouses malheureuses et des adolescents qui se cherchent. « Baiser et mourir. C’est ça, non ? Baiser et mourir. C’est ça la vie. / Essayer de baiser et essayer de ne pas mourir. / Ou essayer de mourir, […]. Pour certains. » (p. 284) Dans le panier de crabes qu’est Pagford, les masques tombent et les catastrophes se préparent.
On m’avait présenté ce roman comme un bijou d’humour noir. D’humour, je n’ai pas vu la couleur. Ce texte est sombre, mais nullement drôle. Les personnages sont tous confrontés à des doutes et des souffrances. Il ne fait pas vraiment bon vivre à Pagford, en dépit de ses airs de charmante communauté anglaise. Après Harry Potter, J. K. Rowling prouve l’étendue de son talent avec ce roman dense et puissant.