Alexis Ivanovitch est le précepteur des enfants d’un général russe veuf qui mène grand train en dépit de sa situation financière catastrophique. Alors que le général et sa suite prennent les eaux et s’adonnent au jeu à Roulettenbourg, les drames se nouent en privé. La belle-fille du général, la belle Pauline, est entourée de nombreux prétendants, mais aucun ne se déclare devant les incertitudes qui entourent sa fortune. Alexis, confident follement épris de la jeune fille, est son intermédiaire à la roulette où des sommes énormes se perdent et se gagnent en un coup de pouce. Mais la belle méprise le percepteur. « Je vous hais justement parce que je vous ai permis tellement de choses, et je vous hais encore plus parce que vous m’êtes si nécessaire. Mais j’ai encore besoin de vous. Il faut donc que je vous épargne. » (p. 29)
C’est sous la forme du journal et des notes que cette histoire est racontée, le narrateur étant Alexis, malheureux en amour comme au jeu. « Chose étrange, je n’ai pas encore gagné mais j’agis, je sens, je pense comme si j’étais un homme riche et ne puis me voir autrement. » (p. 87) Que de cynisme dans le tableau qui nous est fait de la société russe qui se divertit devant les tables de jeu ! « Vous savez que je n’ai pas d’argent […] ; il faut de l’argent pour perdre au jeu. » (p. 19) Le général attend désespérément l’annonce de la mort d’une aïeule dont il devrait hériter, les intrigants se rendent indispensables et les engagements amoureux ne durent jamais plus longtemps que la chance à la roulette.
Ce roman a l’avantage d’être court, car la frénésie qui anime les personnages est rapidement épuisante. Les heures fiévreuses que la grand-mère passe devant la roulette sont éreintantes pour le lecteur qui, inconsciemment, fait des paris sur la chance de la joueuse. Décidément, Dostoievski n’est pas vraiment ma tasse de thé… Je reviendrai donc à la littérature russe par d’autres plumes que la sienne.