Recueil de textes de Jacques Le Goff.
Né en 1181 ou 1182 et décédé en 1226, François d’Assise a traversé un Moyen Âge en pleine mutation, marqué par la fin de la féodalité. « Son succès va venir de ce qu’il répond à l’attente d’une grande partie de ses contemporains, à la fois dans ce qu’ils accueillent et dans ce qu’ils refusent. » (p. 35) L’homme, jugé saint de son vivant par les populations qu’il fréquentait, prônait une vie pleinement apostolique pour les laïcs, arpentant inlassablement les chemins d’Italie, mais aussi du nord de l’Afrique. Premier dans l’Église à vraiment donner une place aux femmes, aux enfants et à la nature en général, François juge que toute la Création est digne d’attention. « L’apostolat de François […] s’adresse à tous. Ce souci missionnaire, François l’ancre dans un besoin profond d’embrasser, globalement et énumérativement la société toute entière. » (p. 141) Ce que l’on retient aussi du saint, c’est qu’il prônait l’abandon des biens, qu’il a été marqué par les stigmates et qu’il a créé un nouvel ordre. Canonisé en 1228 par Grégoire IX, l’ancien cardinal Ugolini qui était son protecteur, François d’Assise traverse les siècles et sa pensée reste étonnamment moderne, même s’il reste peu de textes du saint. « François n’a pas été un écrivain, il a été un missionnaire complétant par quelques écrits un message dont il avait exprimé l’essentiel par la parole et par l’exemple. » (p. 94) L’homme vivait sa foi : son désir d’évangéliser les laïcs était une mission d’amour et de fraternité, fondée sur le dépouillement et le don de soi total. « Son modèle est évidemment l’humilité de Jésus. C’est la sœur de la pauvreté. » (p. 219)
Les textes de Jacques Le Goff sont éminemment érudits, mais accessibles. Ils dressent la revue d’une époque par le prisme du franciscanisme. L’ouvrage est passionnant et a nourri mon affection pour François d’Assise, saint dont mon cœur est proche tant je partage son amour de la Création. Antispéciste et inclusif avant l’âge, François ? Peut-être…