Le Très-Bas

Roman de Christian Bobin.

J’ai récemment approfondi ma connaissance de la vie de François d’Assise avec le texte de Jacques Le Goff. Ici, Christian Bobin en propose une vision très différente. « Un simple visage de pauvre. Un pauvre visage de pauvre, d’idiot, de gueux. » (p. 19) L’enfant d’une famille de marchands, le beau jeune homme revenu de la guerre, ce n’est pas François d’Assise. Obsédé par le sens à donner à son existence et à la plus juste façon de rendre grâce à Dieu, il se dépouille de tout. « Il va là où le chant ne manque jamais de souffle, là où le monde n’est plus qu’une seule note élémentaire tenue infiniment, une seule corde de lumière vibrant éternellement en tout, partout. » (p. 56) Dans la plus totale misère, le dénuement le plus extrême, il est au plus près du Très-Bas. Loin du faste des églises et des villes, vivant de rien en pleine nature, ne mendiant même pas ce qui peut le nourrir, il trouve la vraie chrétienté. « Il devine à l’instinct que la vérité est bien plus dans le bas que dans le haut, bien plus dans le manque que dans le plein. » (p. 57) Ce qui pousse toujours en avant François d’Assise, le pauvre de Dieu, c’est l’amour.

Comme Sylvie Germain qui parle si bien de mystique et de religion, Christian Bobin déploie une langue poétique et riche pour parler des mystères de la foi. L’humilité du titre, rehaussée de majuscules qui anoblissent le sujet, est exaltée : le Dieu de Bobin, c’est le Dieu d’amour, pas le Dieu de puissance. « Il parle aux hirondelles et s’entretient avec les loups. Il entre en réunion avec des pierres et organise des colloques avec des arbres. Il parle avec tout l’univers, car tout a puissance de parole dans l’amour, car tout est doué de sens dans l’amour insensé. » (p. 87) Je découvre Christian Bobin avec ce texte superbe. Je déplore quelques passages trop genrés et qui essentialisent la femme et l’homme dans des rôles figés. Mais je suppose qu’il faut remettre le texte dans son époque… Toutefois, 1992, ce n’est pas si vieux…

Je vous laisse avec deux belles phrases.

« La parole d’amour est antérieure à tout, même à l’amour. » (p. 17)

« Je serai riche par tout ce que je perdrai. » (p. 67)

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