Alors qu’il mène une exploration polaire, Robert Walton sauve Victor Frankenstein, un scientifique en perdition dans les étendues glacées du nord de l’Europe. L’histoire de cet homme est saisissante : Frankenstein a très tôt développé une passion pour la chimie et les mystères de l’existence. « Un des phénomènes qui avaient singulièrement retenu mon attention était la structure du corps humain, et même tout être doué de vie. D’où vient, me demandais-je souvent, le principe de la vie ? […] Pour examiner les causes de la vie, nous devons d’abord connaître celles de la mort. » (p. 49 & 50) Après de longues recherches, il s’est trouvé en capacité d’animer la matière inerte. Obsédé par ses travaux, il s’est éloigné de ses amis et de sa famille. Au prix de longs efforts, Frankenstein a donné vie à un être qu’il a composé d’ignoble façon. Horrifié par sa créature, il s’est enfui et est tombé dans une longue maladie, souhaitant oublier ses travaux et ses expérimentations. Hélas, livrée à elle-même, la créature a survécu et elle nourrit une haine farouche envers le créateur qui l’a abandonnée. Résolue à se venger, elle s’en prend aux proches de Frankenstein.
Il y a des livres que je suis convaincue d’avoir lus. Et puis, en fait, non. Frankenstein fait partie de ces œuvres à qui je tente de faire enfin honneur. Entre roman épistolaire, récit rapporté et récits en abîme, ce texte présente une forme intéressante qui ménage le suspense jusqu’aux dernières pages, même si l’histoire m’était déjà connue. La preuve qu’un roman est un chef-d’œuvre est qu’il arrive toujours à surprendre son lecteur. La figure du créateur indigne et du démiurge irresponsable est magnifiquement traitée par Mary Shelley qui a offert au genre gothique, avec ce livre, son dernier grand roman.