À l’est d’Éden

Roman de John Steinbeck.

Dans la Vallée de la Salinas, en Californie du Nord, vous rencontrerez de nombreux personnages. Parmi eux…

  • Samuel Hamilton est un Irlandais qui avait la tête pleine d’idées pour améliorer le monde, mais le cœur plein de doutes face aux hommes. Présentant toujours un visage enjoué à l’adversité, il a fondé une famille heureuse dont les enfants avaient chacun un don. « Tout bien considéré, c’était une famille comme tant d’autres, ni plus riche ni plus pauvre, qui ne demandait qu’à vivre et prospérer sur le sol de la Vallée. » (p. 56)
  • Adam Trask fut un fils forcé de s’enrôler dans l’armée et haï par son frère, puis un homme méprisé par son épouse et étranger à ses propres fils. Mais il avait des rêves grandioses dont beaucoup se sont fracassés sur les écueils de la réalité. « Je veux faire de ma terre un jardin. Rappelez-vous que mon nom est Adam. Jusqu’ici je n’ai pas connu l’Éden, si ce n’est pour en être chassé. » (p. 195)
  • Cathy Ames est une femme au cœur sec et à l’esprit machiavélique qui se complait dans la luxure et la débauche. Incapable d’aimer, elle est viscéralement mauvaise et déviante. « Tu n’es pas un être humain complet, je n’y puis rien. Mais je me demande s’il t’arrive de sentir qu’il y a quelque chose d’invisible autour de toi. Ce serait horrible si tu savais que cela existe et que tu ne puisses pas l’atteindre, ce serait vraiment horrible. » (p. 447)
  • Lee, le serviteur chinois d’Adam, est d’une grande intelligence et sait sonder l’âme des hommes et pardonner leurs erreurs. Il pressent les malheurs comme les bonheurs. « Il y a une ombre dans cette Vallée. Je ne sais pas de quoi elle se compose, mais je la sens. Quelquefois, alors que la clarté du jour est aveuglante, je sens cette ombre passer et envelopper le soleil et elle aspire toute la lumière comme une éponge. […] Une noire violence menace cette Vallée. Je ne sais pas. Je ne sais pas. C’est comme si un fantôme issu de l’océan mort qui dort sous nos pieds venait hanter la vallée et troubler notre air avec le malheur. C’est une ombre secrète comme un chagrin caché. » (p. 172)
  • Caleb et Aaron, les fils d’Adam et Cathy, sont aussi dissemblables que possible, mais réunis dans leur soif d’amour. « À Salinas, nous croyions avoir tout inventé, même le chagrin. » (p. 598)
  • John, le narrateur, est le petit-fils de Samuel et le fils d’Olive Hamilton et d’Ernest Steinbeck. Il observe le passé et les êtres avec sagesse et bienveillance.

À l’est d’Éden est un texte puissant et profond. Impossible de ne le lire que d’un œil : il demande une attention complète, un investissement sans partage. Je me suis laissé happer par les existences rudes et tragiques des protagonistes. « Et les gens bâtissaient un avenir aussi riche que leur présent était misérable. » (p. 186) Au loin, la Première Guerre mondiale gronde et fauche sournoisement de jeunes Américains. Dans la Vallée de la Salinas, on continue pourtant obstinément à cultiver un sol qui manque souvent d’eau et qui étouffe sous la poussière. « On peut être fier de n’importe quoi si c’est tout ce que l’on a. Moins on possède, plus il  est nécessaire d’en tirer vanité. » (p. 10)

La symbolique biblique est puissante, manifeste dès le titre et évidente dans le comportement des personnages. La Vallée de la Salinas est à la fois le paradis et la terre promise. Les terribles affrontements entre Adam et son frère Charles, puis entre Caleb et Aaron renvoient à la rivalité funeste entre Caïn et Abel. Les fils tentent sans cesse d’obtenir la reconnaissance et l’amour du père tout en essayant de préserver le respect qu’ils lui portent. Les longues discussions ont des airs d’épiques batailles psychologiques : les hommes en ressortent épuisés, parfois brisés ou renouvelés, mais jamais intacts.

Il me reste à voir le film d’Elia Kazan, avec James Dean dans le rôle de Caleb Trask, pour parfaire une fabuleuse lecture.

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