Bilodo est facteur. Il aime passionnément son métier, surtout parce qu’il subtilise certaines lettres personnelles pour les lire avant de les remettre à leurs destinataires. Parmi elles, il y a les missives que Ségolène envoie depuis la Guadeloupe à Gaston Granpré. Entre eux, ce ne sont qu’échange d’haïkus, ces courts et énigmatiques poèmes japonais. Bilodo est fasciné par la jeune femme. « Ayant lu quelque part que l’écriture était le reflet de l’âme, Bilodo conclurait volontiers que celle de Ségolène devait être d’une pureté sans pareille. Si les anges écrivaient, c’était assurément ainsi. » (p. 26) À la triste faveur d’un accident, le facteur indiscret reprend la correspondance avec la belle Guadeloupéenne. Il découvre les merveilles et la délicatesse de la poésie japonaise. Enveloppé dans un kimono rouge, il s’adonne à un badinage poétique, véritable escalade épistolaire et érotique. Mais que faire quand la vérité réclame ses droits ? Confronté à son mensonge, Bilodo est acculé.
Ce court roman est d’une poésie et d’une inventivité folle ! J’apprécie depuis longtemps les haïkus qui saisissent l’instantané d’un moment, la beauté d’une seconde. Ce texte en propose beaucoup et certains sont époustouflants de désir contenu et vibrant. La conclusion du roman est logique sans être téléphonée : c’est un juste retour des choses, une boucle qui ne cesse jamais de se refermer.