Roman de Judith Kerr, illustré par l’autrice.
En 1933, Anna a 9 ans et elle mène la vie simple et heureuse d’une petite fille entourée d’amis et d’une famille aimante. Mais en Allemagne, son père est menacé, car il écrit ouvertement contre Adolf Hitler et ses projets. « Si vous ressemblez à tout le monde et que vous n’allez pas dans une église spéciale, qu’est-ce qui te dit que vous êtes juifs ? Comment pouvez-vous en être sûrs ? » (p. 9) La famille s’installe donc en Suisse en espérant un retour rapide à l’apaisement dans son pays. Mais l’exil se prolonge et les ressources viennent à manquer, car personne ne veut publier les articles de Vati. « On dirait que les Suisses sont si jaloux de leur neutralité qu’ils rechignent à publier les écrits d’un anti-nazi notoire comme moi. » (p. 66) Parents et enfants partent donc en France où il faut apprendre une nouvelle langue et attendre des jours meilleurs pendant que les nouvelles d’Allemagne ne rassurent pas.
Avec ce récit très autobiographique, l’autrice raconte une enfance aux portes de la guerre, dans un monde qui efface la frontière avec le monde adulte. L’innocence existe encore, avec les disputes entre frère et sœurs, des jeux simples et les petites fiertés scolaires, mais la peur s’incarne en toutes choses, comme ce lapin rose si doux qu’il a fallu abandonner en quittant le pays. Je comprends pourquoi ce roman est un classique jeunesse de la littérature anglaise.