Texte de Camille Froidevaux-Metterie.
J’ai découvert l’autrice avec La bataille de l’intime. Tout est déjà dit dans ce texte plus abouti, mais l’opuscule publié par ALT repose certains fondements indispensables à la constitution d’une pensée sur le sujet. « J’ai compris que je vivais dans une société où les femmes continuaient d’être réduites à leur corps. » (p. 5) Voilà la raison première d’être féministe. Cette réduction ne s’appliquant pas aux hommes, l’injustice doit être combattue. En refusant de n’être que des corps soumis aux désirs et au bon vouloir des hommes, les femmes renversent l’injonction à la maternité. Cet état n’est pas un devoir, c’est une possibilité qui découle d’un choix qui n’appartient qu’à la femme puisque c’est son corps qui est à la manœuvre pendant la grossesse.
Le corps féminin est soumis à toutes les contradictions. Les femmes y sont sans cesse ramenées, mais elles doivent en faire abstraction pour bénéficier des mêmes chances que les hommes. « Tout se passe comme si, pour accéder à tous les métiers et à tous les postes, les femmes devaient oublier qu’elles avaient un corps. » (p. 15)
Évidemment, être féministe, c’est lutter pour l’intersectionnalité. Il n’y a pas de libération de la femme si cela ne couvre pas toutes les femmes : racisées, en situation de handicap, trans, etc. « Être féministe, c’est donc aussi prolonger l’objectif de libération au-delà des femmes : à toutes les personnes discriminées et minorités, au monde végétal et animal, à la planète tout entière. » (p. 28) Allons plus loin et disons-le, le féminisme ne se fait pas contre les hommes, mais avec eux. Le patriarcat et la masculinité toxique font des ravages chez les hommes aussi. Mais il faut qu’ils y mettent du leur. « Être féministe quand on est un homme, c’est refuser de jouer le jeu de la domination masculine et reconsidérer ses propres comportements à l’aune de l’égalité. » (p. 28) Bref, Messieurs, instruisez-vous : il y a des étagères pleines pour vous ouvrir l’esprit !