Essai de Michel Pastoureau et Dominique Simonnet.
Au cours d’un stimulant dialogue, Michel Pastoureau répond aux questions de Dominique Simonnet. L’historien présente la couleur déclinée en six couleurs de base (bleu, rouge, blanc, vert, jaune, noir) et les demi-couleurs en évoquant les symboles qu’elles véhiculent et la place qu’elles ont tenu dans l’histoire religieuse, politique, sociale et artistique.
Le bleu, méprisé des penseurs antiques, est devenu la couleur « la plus raisonnable de toutes « (p. 26) après avoir été l’apanage de Dieu, de la Vierge et des rois.
Le rouge, couleur de pouvoir, se retrouve dans toutes les guerres et toutes les religions, il « décrit les deux versants de l’amour: le divin et le péché de chair. » (p. 38)
Le blanc, à la fois symbole du manque et symbole de l’innocence, longtemps déconsidéré, a retrouvé tous les honneurs que l’on doit à la couleur de la lumière.
Le vert, teinte difficile à fixer, instable et dangereuse, couleur de l’Islam et du turban du Prophète, a subi pendant des siècles le désamour des occidentaux, avant de devenir le symbole de la propreté et de la nature préservée.
Le jaune, éternel perdant dans son combat avec l’or, est la couleur de Judas, la couleur des tricheurs et des menteurs, la couleur des exclus en Occident, alors qu’elle est la couleur royale du Japon.
Le noir se prête à toutes les circonstances: présent dans le deuil et la mort, il représente aussi l’autorité et l’austérité tout en s’affichant avec le dernier chic au rang des couleurs élégantes.
Reste les demi-couleurs, le rose, l’orange, le marron, le violet et le gris et toute la gamme des nuances et leur flot de symboles. Avant tout, pour qu’il y est couleur, il faut qu’il y est lumière. « Une couleur n’existe que parce qu’on la regarde. Elle n’est en somme qu’une pure production de l’homme. » (p. 105) « Une couleur, c’est une catégorie intellectuelle, un ensemble de symboles. » (p. 112)
Après la lecture bien décevante de La couleur bleue de Jörg Kastner, c’est avec curiosité que j’ai décidé d’avancer la date de lecture de ce livre que je gardais pour un prochain voyage (petit format et poids plume, parfait pour mon nouveau sac à main tout mignon tout riquiqui…) Refroidie par les considérations oiseuses de Kastner, j’espérais trouver des informations plus étayées et plus sérieuses sur la valeur des couleurs.
L’essai de Pastoureau et Simonnet est simple et très court, mais il en dit suffisamment pour remettre les points sur les i et tordre le cou aux préjugés (non, le blanc et le noir ne sont pas les couleurs qui s’opposent le mieux !) Il souffre peut-être d’un manque d’exemples, néanmoins la concision du propos permet au moins de ne pas s’éparpiller et de refermer le livre armé d’informations pertinentes.