Roman de Katherine Scholes, à paraître le 3 juin 2010.
Mara a grandi en Tasmanie. Quand elle rencontre John à Melbourne, elle décide de le suivre en Tanzanie. Dans les années soixante et dans cet état africain qui cherche à s’émanciper des habitudes européennes, le couple rêve de transformer leur lodge en un lieu de repos destiné à la découverte de la nature sauvage, et non plus aux safaris sanglants auxquels s’adonnent de riches touristes en quête de sensations fortes. Trois ans après leur mariage, Mara et John se sont éloignés. John est souvent absent et Mara contemple avec lassitude la désillusion qui a remplacé ses espoirs de jeunesse. Le lodge n’a pas changé de visage et les difficultés financières s’accumulent. Quand une équipe de tournage américaine investit les lieux pour achever son film, Mara croit qu’un nouveau départ est possible. Mais, troublée par Peter, l’acteur principal, elle doit choisir entre un bonheur à portée de main et la fidélité qu’elle conserve à son époux.
On assiste à la naissance d’une femme. Retirée dans l’ombre d’un époux qui ne la comprend plus, sans assurance, elle s’épanouit dans l’action qui concrétise ses projets. Devenue Bwana Memsahib, elle gagne le respect des employés. Embauchée pour être la doublure de la vedette féminine du film, elle se découvre un talent d’actrice qui lui permet les libertés que la réalité lui refuse.
Je regrette que le tournage du film ne soit qu’un prétexte à l’intrigue amoureuse, intrigue bien plate cependant. L’auteure effleure trop rapidement le thème du cinéma-mensonge, du cinéma-mirage. Tout comme elle ne fait que survoler les paysages tanzaniens que je suppose magnifiques. Et tout comme elle laisse l’embryon de romance mourir de lui-même pour être à peine ranimé à la fin du roman.
Les quelques références à Karen Blixen et à son livre La ferme africaine dont a été tiré Out of Africa, au film African Queen ou aux romans d’Ernest Hemingway sont appropriées mais bien dommageables pour ce roman, parce qu’il est impossible de ne pas comparer le texte qu’on a sous les yeux aux œuvres magistrales précédemment citées, au grand désavantage du roman de Katherine Scholes.
Le roman est une pâle copie des romans d’amour et d’aventure qui fleurissent en période estivale. Avec quelques épisodes ridicules: le sauvetage du jeune bufflon enlisé dans la boue est émouvant, mais bon, ça ne va pas plus loin.
Le titre original, The Hunter’s Wife, est bien plus significatif que le titre de la version française. Ce dernier annonce bien plus que ce que l’on peut lire. Le titre original a l’avantage de présenter le personnage de Mara comme la femme d’un autre, celle qui est inaccessible et celle qu’on ne peut pas avoir. La quatrième de couverture est aussi trop prometteuse et la lecture, qui aurait pu être agréable, devient frustrante.
L’histoire est sympathique mais c’est loin d’être de la grande littérature. J’avais lu, de la même auteure, La reine des pluies qui m’avait laissé sensiblement la même impression. Les amants de la terre sauvage a tous les atouts pour devenir le roman à succès sur les plages en 2010, ce qui ne certifie pas pour autant la qualité de la lecture.