Roman d’Anna Gavalda.
Ce roman d’Anna Gavalda fait partie de ceux dont on parle tellement que je ne veux pas les lire. Mais à force d’entendre des « Oh non, il est trop bien/génial/méga chouette », des « Le meilleur roman que j’ai lu », des « Comment ? Avec tout ce que tu lis, tu n’as pas encore lu celui-là ? » et surtout des « Ce roman ? De la crotte en barre ! », j’ai décidé – des siècles après tout le monde – de me frotter à ce texte. Que les personnes qui se reconnaîtront dans les expressions ci-dessus ne m’en veuillent pas, elles auront eu ce qu’elles voulaient !
Paulette Lestafier est une vieille femme qui ne peut plus vivre seule. Camille Fauque a 27 ans, est maigre comme un clou, travaille comme femme de ménage et dessine merveilleusement bien. Franck Lestafier est un jeune cuisinier talentueux et un homme bourru. Philibert Marquet de la Burbellière, fils de marquis, féru d’histoire et maladivement timide, habite un immense appartement en plein cœur de Paris. Les hasards rassemblent ces quatre personnes dans l’appartement bourgeois qui devient une « Arche de Noé » (p. 122) où chacun est heureux de trouver les autres pour se reconstruire et reprendre goût au monde.
Ce roman est plaisant, juste plaisant. On ne s’ennuie pas. L’émotion y est facile et dégoulinante. La réflexion est superficielle et de seconde main. Les discours sur les intellectuels, la misère, le malheur et le bonheur sont réchauffés à souhait et servis à point au comptoir du bar du coin. Des morales gentiment humanistes et niaises rythment l’intrigue. En gros, « Tout ce que vous donnez vous sera rendu au centuple » ou « Recevoir permet d’apprendre à donner » ou encore « Aimer est plus fort que d’être aimé », comme disait l’autre.
On s’en doute, il n’y a pas de bons mélos sans une romance un brin difficile. Camille et Franck se reniflent longtemps avant de se trouver et, même après ça, ce n’est pas gagné. De là à dire que Gavalda galvaude les sentiments, il n’y a qu’un pas que je franchis d’un bond. L’historiette est sympathique. Ne soyons pas vache : ils sont tous vraiment charmants et adorables, ces êtres cabossés qui ont tous souffert. Cette version de l’auberge espagnole à la sauce bobo se laisse avaler, mais attention à l’étouffement : tout finit dans la meringue et dans la pâte à choux ! On m’a fait passer le plat, j’ai goûté, mais je ne me resservirai pas.