Daytripper – Au jour le jour

Roman graphique des frères Fabio Moon et Gabriel Ba.

Bras de Oliva Domingos écrit pour la rubrique nécrologique d’un grand quotidien de Sao Paulo. Alors qu’il écrit les morts des autres, il ne parvient pas à écrire sa propre histoire, à devenir l’écrivain qui sommeille en lui. Son plus grand handicap, croit-il, est la figure écrasante de son père. Malédiction ou héritage ? C’est que la suite de l’histoire dira.

L’histoire, parlons-en. De sa structure surtout. Il y a dix chapitres qui présentent Bras à différents âges et sans chronologie. Si on connaît la fin de l’histoire dès le premier chapitre, c’est en lisant les autres, à rebrousse temps et à contre temps, que l’on embrasse toute la vie et toute la mort de Bras de Oliva Domingos. Si on peut avoir une infinité de vies, pourquoi n’aurait-on pas aussi une infinité de morts et autant de chances de tout recommencer ? Parce que là où une vie s’arrête, il y a une chance qu’une mort en devenir commence. « Et la mort, ça vous donne une autre perspective sur la vie et tout le reste… Tout le reste semble sans importance. » (p. 91) Chaque chapitre s’achève sur des nécrologies, mais ce qui est époustouflant, c’est qu’elles ne marquent pas seulement la fin (de la vie ou du chapitre) : elles aident ceux qui restent à continuer.

D’un chapitre à l’autre, les auteurs proposent des réflexions fines et bouleversantes sur la famille, entité qui ne se conçoit qu’avec des bonheurs et des malheurs. Bras doit faire sa place face à son père et à sa mère, puis face à sa femme et son fils. Une famille, c’est à la fois la vie et la mort, c’est un long récit. « La vie est comme un livre, fils. Et tous les livres ont une fin. Peu importe combien tu aimes ce livre, tu arriveras à la dernière page et ce sera fini. Aucun livre n’est complet sans une fin. » (p. 214) Et puis, il y a ce rêve qui tient tout le neuvième chapitre : entre synopsis et conclusion, ce chapitre particulier nous donne les clés et d’autres portes pour comprendre la vie de Bras.

Bras de Oliva Domingos est donc un fils, un époux, un père et un homme. Et il concentre toutes ses facettes dans son être d’écrivain : fondamentalement, viscéralement, l’essence de Bras est nourrie d’écriture. À mesure qu’il trace sa voie, qu’il trouve sa voix, tous les destins qui sont les siens se rejoignent. Et c’est tout l’art de Fabio Moon et Gabriel Ba que de tisser cette histoire mine de rien et de poser des jalons  qui finiront par former un chemin.

Que dire du dessin, si ce n’est WAHOO ! Les couleurs sont puissantes, profondes, vibrantes et incroyablement dynamiques. C’est beau, tout simplement beau !

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