Roman graphique/comics de Gerry Duggan (scénario) et Phil Noto (dessin).
Un capitaine de l’armée américaine enchaîne les missions et les combats dans les pays où les États-Unis ont décidé de lancer des offensives. « Je savais ce que nous étions venus faire en Afghanistan, mais je l’avais oublié une fois arrivé en Syrie. Mon pays était comme un joueur de poker qui doublait la mise alors qu’il n’avait pas de jeu. » Le soldat perd le sens du combat, mais continue d’obéir aux ordres. Et voilà qu’après des décennies de guerre, le conflit doit cesser par manque de pétrole. Retour au bercail pour les militaires, s’ils le peuvent… « Je suis prêt. J’irai en enfer pour te rejoindre, Pénélope. » Pour le capitaine et une poignée de ses hommes, le chemin du retour est semé d’embûches et de dangers, comme cet étrange cyclope russe et ces sirènes qui émettent sur une fréquence internationale pour inviter les survivants à les suivre. « Nous tournions le dos au chaos que nous avions provoqué pour rentrer chez nous, sans imaginer l’enfer qui nous attendait. » Pendant ce temps, à Catskill Mountains, dans l’état de New York, Pénélope attend son époux. Elle tente de protéger son fils et sa propriété des voisins mal intentionnés et peu reconnaissants de l’aide qui leur fut apportée par le passé. Les éleveurs craignent pour leurs terres si Pénélope décide de bloquer la source qui se trouve sur son terrain et ils sont prêts à tout pour mettre la main sur la propriété de celle qu’ils estiment veuve depuis bien longtemps. Mais c’est compter sans la ténacité du capitaine et sa volonté de retrouver les siens.
Dans cette odyssée moderne postapocalyptique où New York est envahie par les eaux, il n’y a plus de dieux querelleurs et revanchards, mais l’homme se débat toujours sous le joug d’une puissance supérieure et écrasante. « Nous ne choisissions plus notre destin, nous l’affrontions. » La transposition du mythe grec dans un univers moderne, voire futuriste, n’est pas inintéressante, mais elle n’apporte rien de nouveau à l’histoire. Les opposants, les adjuvants, les péripéties, tout se retrouve à la place attendue et l’histoire se clôt comme on l’espère. La vraie valeur ajoutée de cette œuvre, c’est le traitement du mythe sous la forme du comics. Tous les codes de cet art graphique sont respectés, qu’il s’agisse du pointillisme dans la couleur, du dynamisme des dessins ou des onomatopées qui prennent des cases entières. Dans des doubles pages et des pages très structurées, l’histoire se donne à voir plus qu’à lire, à tel point que le mythe, tellement connu et ancré dans l’imaginaire collectif, pourrait se passer du texte et laisser toute la place au trait et à la couleur. Horizon infini (The Infinite Horizon pour la version originale) porte bien son titre : levez les yeux du mythe et vivez autrement l’odyssée d’un Ulysse qui, quelle que soit l’époque où il évolue, reste l’archétype du héros valeureux.