La danseuse du temple

Roman de John Speed.

1658, île de Goa. Pour tirer le meilleur parti de la succession du sultan défunt, Carlos Dasana décide d’offrir une superbe bayadère au grand vizir de Bijapur, Wali Khan. « C’est l’Hindoustan… les bakchichs sont plus importants que les armes. » (p. 51) Ce faisant, Carlos espère assurer l’avenir de sa jeune pupille, Lucinda Dasana, héritière d’une fortune colossale. Pour cette raison et bien d’autres, la jeune Portugaise accompagne la caravane qui emmène Maya, la danseuse, vers le grand vizir.  Avec elles cheminent Geraldo, lointain cousin des Dasana qui rêve d’hériter de la fortune familiale, et Pathan, l’homme de confiance du vizir. Sur le chemin qui entraîne la caravane vers Bijapur, Lucinda se lie d’amitié avec la bayadère dont le passé est bien trouble. Ancienne danseuse pour la déesse, elle est devenue esclave après la disparition de sa gourou, mais elle ne comprend pas pourquoi la Fraternité, organisation qui rassemble les eunuques du pays tout entier, s’intéresse tellement à sa personne. « Les eunuques sont une véritable peste. Comme les ténias, ils s’attachent aux nobles et aux riches ; comme des tiques, ils se gorgent du sang d’autrui. » (p. 284) Parmi eux, Babouche est le plus enragé et le plus sournois.

Le chemin vers Bijapur est semé d’embûches et Lucinda est enlevée par des bandits cachés dans les montagnes. Sauvée par Pathan, elle développe à son égard des sentiments troubles et interdits. De son côté, Maya goûte le fruit défendu dans l’espoir d’échapper à son triste sort. Pour ces deux femmes à la beauté inestimable, la liberté est un rêve bien lointain. « Nous devons prendre la route qui nous a été préparée, aussi difficile soit-elle – il n’y a pas moyen de faire autrement. » (p. 392) Jouets ou objets entre les mains des hommes, Lucinda et Maya doivent trouver en elles-mêmes les ressources pour affronter leur destin la tête haute, quitte à envisager l’irréparable. « Avoir de l’arsenic, c’était avoir prise sur son destin. L’arsenic procurait la liberté, la liberté la plus cruelle. » (p. 440)

Je ne vais pas vous jeter de la poudre aux yeux : ce roman est une aventure follement romanesque et échevelée avec deux beautés qui se débattent dans un monde brutal et cruel. Ce n’est pas de la grande littérature, ce n’est même pas un bon roman historique même s’il y a un effort pour présenter le mélange des cultures propre à l’Hindoustan, avec des hindous, des chrétiens et des musulmans. Mais cette lecture est parfaite pour les vacances, au bord de la piscine avec un verre de jus de fruit à portée de main. En quelques 650 pages, l’intrigue se déroule sans temps mort, les méchants y sont clairement identifiables et les gentils y sont vachement gentils, et beaux en plus ! Entre poison, complots politiques et économiques, mystères, manipulations, mensonges et amours interdites, La danseuse du temple remplit parfaitement son office de divertissement et, rien que pour ça, il mérite toute votre attention si vous cherchez ce genre de détente.

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