Jean Atwood est une jeune interne en médecine talentueuse. Major de sa promotion, elle se destine à la chirurgie gynécologique. Mais pour valider le dernier semestre de sa cinquième année, elle doit rejoindre le service de la médecine des femmes. Ce centre de médecine générale est dirigé par le Dr Franz Karma qui jouit d’une excellente réputation. Pourtant, le courant ne passe pas entre Atwood et Karma. Et la jeune femme ne supporte pas d’assister aux consultations, estimant perdre son temps avec des femmes qui ne connaissent rien à la gynécologie. « Comme si j’y connaissais quelque chose, moi qui ne sait pas ce qui se passe dans le mien, à ce qui se passe dans leur corps. » (p. 49) Karma lui propose un marché : elle sera à l’essai pendant une semaine. « Ne jugez pas les femmes. Écoutez-les. » (p. 69) Une semaine durant laquelle elle pourra émettre toutes les critiques qu’elle souhaite, sans obligation de prolonger son séjour à la médecine des femmes, mais avec la certitude que son semestre sera validé. Commence alors une série de jours décisifs pour Jean qui, outre la capacité à écouter ses patientes, va apprendre à s’écouter elle-même. « Si tu n’aimes pas soigner, tu te feras chier… » (p. 230)
Je n’ai pas aimé ce roman. Inutile d’y aller par quatre chemins pour le dire. L’ambitieuse et arrogante Jean Atwood m’a été immédiatement antipathique et le processus très artificiel utilisé par l’auteur pour la rendre touchante n’a pas fonctionné avec moi. Sortir un passé douloureux, une vie amoureuse houleuse et un corps difficile à assumer sont des ficelles trop énormes et font basculer sans élégance le personnage de garce sans cœur à victime pitoyable. Ça ne prend pas avec moi, d’autant plus qu’il est couru d’avance que la grande gueule va se révéler sensible et dévoiler un cœur d’or. Bla bla bla… Et comment supporter les longues introspections du personnage qui ne sont que des récriminations furibondes égrenées en chapelets haineux et vindicatifs ? Un cri du cœur ? Mouais…
Je passe à la forme du récit. Outre l’expérience de Jean Atwood et ses pensées, on lit le récit des femmes qui entrent dans le bureau du Dr Karma. C’est tout à fait indigeste et n’est qu’une compilation de stéréotypes féminins. On croise la camionneuse sexy, la cougar amoureuse, l’adolescente qui veut prendre la pilule en cachette, la nymphomane, la femme battue, la mère pondeuse, etc. Aucune subtilité dans ces portraits qui figent des images de femmes telles que l’auteur les voit, sans finesse, ni profondeur. Quant à parler de chœur, j’évoquerai plutôt une assemblée tonitruante et vociférante. Aucune harmonie ne se dégage des différents témoignages de femmes, rien ne tend vers une féminité universelle, encore moins vers une féminité apaisée.
Je passe sur la fin qui est l’exemple ultime du grand n’importe quoi. Entre secrets familiaux et recherches scientifiques, les coïncidences pleuvent et noient le lecteur dans un grand bol de clichés et de pathos aromatisé à l’eau de rose. Pas émue pour deux sous, j’avais envie d’éclater de rire à chaque nouvelle révélation, pour une fois impatiente de savoir quelle autre bêtise (je reste polie) l’auteur allait ajouter à l’équilibre déjà précaire de ce roman bien indigeste.
Finalement, qu’essaie de dire ce texte ? Peut-être qu’il y a autant de médecines qu’il y a de femmes et que le médecin doit comprendre sa patiente au lieu de débiter ses connaissances. Voilà une évidence qui enfonce bien des portes et qui ne méritait pas un tel pavé.