La narratrice livre le récit a posteriori du deuil qui a ébranlé sa vie et menacé de la réduire en miettes. Quand sa mère décède dans un accident d’hélicoptère, la jeune femme lâche prise, repoussant son mari et délaissant ses enfants. Sa mère si souvent absente et désormais définitivement disparue prend toute la place et le chagrin abolit les raisons de continuer à vivre. « On perd ses parents au moment où l’on pourrait s’en faire des amis. » (p. 78) Le mari de la narratrice fait son possible, mais les enfants du couple ne veulent plus d’une maman qui ne fait que pleurer. Pour faire son deuil, elle part pendant plusieurs mois. Elle interroge alors ses rapports avec ses enfants et son propre statut de mère. « Au moment où je perds ma mère, ma fille me refuse le seul titre qui m’importe. » (p. 129) Loin des siens, la narratrice se cherche sur les traces de sa mère.
Écrite dans un style fluide et élégant, cette histoire n’est pas déplaisante, mais elle ne m’a pas convaincue. J’ai été très étonnée par l’intrusion de la Seconde guerre mondiale dans le dernier quart du récit, alors que rien ne la laissait présager. Cet arrière-plan historique tombe comme un cheveu sur la soupe et constitue pour moi un hors-sujet à la douleur de la narratrice. Sans oublier rappelle la nécessité du deuil : continuer au-delà du chagrin sans occulter le passé.
Le roman d’Ariane Bois est une histoire plaisante, mais je ne pense pas qu’elle me marquera longtemps.