Dernier jour sur terre

Texte de David Vann.

Le 14 février 2008, Steve Kazmierczak entre dans un amphithéâtre de son université et tire sur les élèves. L’auteur repart de l’enfance du criminel pour essayer de comprendre comment il est devenu un tueur de masse fasciné par les armes. À treize ans, David Vann a lui-même reçu en héritage les armes de son père après son suicide. À l’instar de Steve, David a été un adolescent mal dans sa peau, mal intégré. « J’avais à peine treize ans, j’étais en cinquième, mais c’était bien assez âgé pour comprendre l’élan d’une vie, assez âgé pour comprendre qu’il était possible de devenir celui qu’on n’avait pas envie d’être. » (p. 47) Très tôt, Steve éprouve des troubles mentaux et enchaîne les traitements médicamenteux. Fortement impressionné par la tuerie de Columbine et maladivement fasciné par les tueurs en série ou de masse, Steve se laisse entraîner par ses névroses et ses angoisses.

En faisant le portrait de Steve, David fait son autocritique : comment deux enfants ayant pris le même départ dans la même société peuvent-ils avoir des itinéraires et des fins aussi différentes ? Dans ce texte, l’auteur révèle un peu plus de lui-même. On comprend d’autant mieux ses romans. Sukkwan Island, Désolations, Impurs et Goat Mountain, déjà forts et percutants, prennent encore plus de poids et de sens.

Sans tirer à boulets rouges sur le droit des Américains à porter une arme à feu, l’auteur émet des réserves et souligne la nécessité de mieux encadrer la détention et le maniement des armes. « Acheter un Glock 19., quelques chargeurs supplémentaires, entrer dans une salle de classe et tirer sur les gens – nous n’avons encore rien mis en place pour empêcher quelqu’un de commettre un tel acte. C’est un droit américain. » (p. 111) C’est un portrait d’une Amérique malade que David Vann nous offre, d’une Amérique qui doit s’amender. « La fréquence des fusillades en établissements scolaires aux États-Unis augmente, et notre capacité à tendre la main pour aider au lendemain de ces tragédies devrait sensiblement s’améliorer. » (p. 229)

Dérangeant, très documenté, jamais accusateur ou pathétique, Dernier jour sur terre est un texte puissant et nécessaire.

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