Les arpenteurs

Roman de Kim Zupan.

Valentine Millimaki est le jeune adjoint du shérif d’une ville du Montana. Son activité principale est de chercher des personnes disparues dans la montagne, mais depuis quelque temps, il ne retrouve que des cadavres. Alors que l’hiver touche à sa fin, la prison accueille John Gload, un vieil assassin soupçonné de crimes innombrables. L’agent Val est assigné au service de nuit pour surveiller le détenu : au cours des longues veilles, un dialogue s’installe entre les deux hommes et une étrange amitié se noue. « On est amis, John, dans la mesure où vous êtes de ce côté des barreaux pour le meurtre présumé d’un homme, et où je suis de l’autre côté afin de m’assurer que vous restiez en vie et que vous soyez puni. » (p. 86) Tandis que l’un raconte son passé et ses méfaits, l’autre lâche quelques bribes d’existence : ses insomnies, son mariage en perdition, son enfance bouleversée par la disparition de sa mère. Prisonniers de leur passé et des démons qui les hantent, le jeune homme et le vieillard parcourent leurs souvenirs et les étendues arides des sentiments déçus.

L’opposition est saisissante entre l’intérieur sombre et étroit de la prison et les grands espaces montagneux : dans la première, il y a la vie, si misérable soit-elle, alors que les seconds n’abritent que désolations et corps sans souffle. « Il se demande ce qui pouvait susciter une telle cruauté dans un si beau paysage. Comme si le vent qui balayait les flancs depuis les escarpements gelés et mornes apportait avec lui l’appétit des loups et des ours, pareil à un microbe contaminant le sang. » (p. 227) De même, en constante opposition, Valentine et John s’attirent et se repoussent jusqu’à former un visage unique et complexe, celui de l’humanité face au temps.

Ce premier roman est plutôt réussi, mais le style imagé est parfois ampoulé et emphatique. Toutefois, Kim Zupan offre de très beaux tableaux des extérieurs hostiles et puissants du Montana. Plus je lis les œuvres publiées par les éditions Gallmeister et plus j’ai envie d’aller poser mes valises dans leurs paysages grandioses.

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