Zombi

Roman de Joyce Carol Oates.

Q. P. a trente et un ans. Chaque semaine, il a rendez-vous avec son contrôleur judiciaire et deux thérapeutes. Il doit aussi suivre un traitement. Ses parents, bien que mortifiés par ce qu’a fait leur fils, veulent lui faire confiance et lui confient la garde de la maison familiale transformée en logements pour étudiants. « Mon père R. P. m’a confié cette responsabilité et je suis content d’avoir une chance de me racheter à ses yeux et à ceux de Maman. » (p. 14) Mais quelle est la faute de Q. P. ? Un délit racial contre un jeune garçon. C’est pour cela qu’il a été condamné à une peine avec sursis et à une période de probation. Mais en vérité, Q. P. n’en était pas à son coup d’essai et il n’arrête pas son œuvre macabre. Son rêve est d’avoir un zombi à son service, après avoir pratiqué sur sa victime une habile opération de lobotomie. « Un vrai ZOMBI serait à moi pour toujours. Il obéirait à tous les ordres et les caprices. En disant ‘Oui, maître’ et ‘Non, maître’. Il s’agenouillerait devant moi et les yeux levés vers mois en disant : ‘Je t’aime, maître. Il n’y a que toi, maître’. Et c’est ce qui se passerait, et c’est ce qui serait. Parce qu’un vrai ZOMBI ne pourrait pas dire quelque chose qui n’est pas, seulement quelque chose qui est. Ses yeux seraient ouverts et transparents, mais il n’y aurait rien à l’intérieur qui voie. Et rien qui pense. Rien qui juge. » (p. 47) Hélas, ce fantasme de domination et cette excitation macabre n’aboutissent jamais, car toutes les opérations ratent. Cependant, Q. P. ne cesse pas de chercher celui qui deviendra son zombi.

Joyce Carole Oates est la reine du malaise et de la chute qui glace le sang, comme je l’ai constaté souvent et récemment dans Daddy Love. Q. P. sera-t-il puni ? Son œuvre sordide sera-t-elle découverte et condamnée ? Lisez ce très court roman pour le savoir, de préférence pas après un bon repas. Nausées garanties ! Le récit est souvent porté par un débit ininterrompu dont on ne sait pas s’il est monocorde ou excité. Il traduit des pensées confuses, inachevées et entrecoupées, fortement malades, et une personnalité changeante et double. « Et puis se débarrasser. Le poids de. Si LOURDS. Comme s’ils le faisaient exprès, qu’ils RÉSISTENT. » (p. 81) C’est difficile à écrire, mais j’ai beaucoup aimé ce roman. Cela dit, je vais enchaîner avec un truc genre Bisounours…

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.