Mrs Hemingway

Roman de Naomi Wood. À paraître le 11 mai 2017.

Hadley Richardson. Pauline Pfeiffer, dite Fiffe. Martha Gellhorn. Mary Welsh. Elles ont successivement été l’épouse d’Ernest Hemingway. Fife a été sa maîtresse quand il était marié à Hadley, tout en étant une amie très proche de l’épouse. Martha a été sa maîtresse quand il était marié à Fife. Mary a été sa maîtresse quand il était marié à Martha. Sans cesse, le même scénario un peu sordide de ménage à trois. « Elle a désormais l’impression que le mariage est nécessairement composé de ces trois ingrédients que sont le vol, la possession, le dédommagement. » Entre la France et les États-Unis, les épouses de l’écrivain tentent de sauver leur mariage, de garder pour elles cet homme insaisissable, toujours en mouvement, de la guerre d’Espagne à la Seconde Guerre mondiale.

Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce roman, c’est le décalage de point de vue. Ernest Hemingway n’est pas au centre de l’objectif, il est même un peu hors champ. C’est un portrait en creux que l’on a de lui. Pour une fois, ce sont ses femmes qui sont sous la lumière. « Mon âme peut aller en enfer ! C’est lui mon âme ! [….] J’ai besoin de lui et il a besoin de moi. Nous ne faisons qu’une seule et même personne. » Mrs Hemingway : plus qu’un état civil, c’est un titre honorifique parfois lourd à porter, une médaille de guerre pour service rendu à un homme pas toujours reconnaissant. S’il y a une femme derrière chaque grand homme, derrière un colosse comme Hemingway, il en fallait bien quatre, toutes éperdument amoureuses, mais lucides. « Quelle prouesse tout de même de vouloir épouser toutes les femmes qu’il baise. Ernest Hemingway est tellement doué dans le rôle de l’amoureux transi, qu’il est nul dans celui de mari. » Éprouvé par les mauvaises critiques, rongé par la hantise de perdre ses textes, de plus en plus ravagé par l’alcool, Ernest Hemingway n’est pas un époux facile à vivre. Naomi Wood montre la fin des mariages, les murmures de ceux qui savent l’adultère et les prières païennes des épouses délaissées pour que leur beau Nesto leur revienne. À croire qu’Hemingway se complaît dans le drame et la séparation. « Pour toi, ce n’est rien d’autre que du matériel littéraire. Tu as créé ton propre enfer et maintenant tu aimerais y vivre et m’entraîner avec toi. »

Ce très beau texte m’a beaucoup rappelé Madame Hemingway de Paula McLain qui se concentrait sur Hadley et les années parisiennes du couple. J’ai la chance de rencontrer ce soir Naomi Wood qui présente son livre chez Babelio. Autant vous dire que j’ai quelques questions à lui poser !

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