Pour pouvoir aller à l’école et protéger l’honneur de ses sœurs, Rahima devient une basha-posh, une fille que l’on transforme en garçon, au vu et au su de toute la communauté. Rahima jouit alors d’une liberté qui n’est ordinairement pas permise aux filles : elle aide sa mère et son père peut revendiquer avoir un fils. Mais le statut de basha-posh est toujours temporaire, jusqu’à la puberté de la jeune fille qui doit alors reprendre sa place soumise et effacée dans la société. Contrainte d’épouser un homme bien plus âgé qu’elle alors qu’elle n’a que 13 ans, Rahima trouve du réconfort dans l’histoire de Shekiba, son aïeule. « Je suppose que nous portons tous en nous le destin de nos ancêtres. » (p. 142) Défigurée, orpheline, spoliée, Shekiba a été garde au sein du harem royal et a toujours œuvré pour maîtriser son destin et améliorer sa condition.
Il est ici question du criant désir de liberté des femmes en Afghanistan au fil des décennies. Traitées comme rien par leur belle-famille, à moins qu’elles donnent naissance à des garçons, les femmes sont des monnaies d’échange et de la main-d’œuvre à petit prix. Battues, violées par leur époux, méprisées par les belles-mères et les autres épouses, elles souffrent toute leur vie avec peu d’espoir de soulagement. « Sache qu’il y a beaucoup de gens ici qui veulent te rendre la vie dure. C’est à toi de trouver un moyen de te simplifier la vie. » (p. 103) C’est hélas une triste réalité, mais le message d’espoir porté par le roman est malheureusement desservi par un style lourd, ampoulé et pesant et un rythme rocambolesque assez peu crédible. En outre, il y a un véritable problème de construction dans l’intrigue et la mise en regard des histoires quelque peu parallèles de Rahima et Shekiba. L’histoire de la seconde est racontée à Rahima et à ses sœurs par leur tante Shaima, épisode par épisode. Or, quand Rahima n’a plus ou peu de contact avec sa tante, l’histoire de Shekiba continue, ce qui est totalement incohérent. Qui raconte alors le récit de cette aïeule ? Sans être totalement déplaisant, ce roman a bien des défauts.