Orgasme à Moscou

Roman d’Edgar Hilsenrath.

Nino Pepperoni est l’homme le plus riche de New York. Il est aussi le parrain de la mafia américaine. Sa fille Anna Maria est la prunelle de ses yeux. Quand elle s’absente plusieurs mois pour interviewer Brejnev et Kossyguine et qu’elle revient enceinte, c’est le drame ! Le géniteur est Sergueï Mandelbaum, fils de rabbin, qui a donné à la jeune Américaine son premier orgasme. Hélas, le jeune homme ne peut pas sortir d’URSS. Nino Pepperoni est prêt à tout pour le bonheur de sa fille. « Ce serait la meilleure si lui, le roi de la mafia américaine, ne parvenait pas à faire sortir ce petit Juif de Russie ! » (p. 7) Grâce à son avocat, Archibald Seymour Slivovtiz, il entre en contact avec S. K. Lopp (comme ça se prononce), passeur hors pair, pour que son futur gendre traverse le rideau de fer. « Je connais le trou du rideau de fer aussi bien que mon trou de balle. »  (p. 63) Petit bémol, Lopp est un dépeceur sexuel et Pepperoni craint pour l’intégrité de Mandelbaum. Qu’à cela ne tienne, il n’y a qu’à castrer S. K. Lopp ! « Le plan le plus fou de toute l’histoire contemporaine de la castration. » (p. 20)

Tout cela vous paraît dingue ? Ce ne sont que les 10 premières pages du livre ! Ce roman est loufoque, déjanté, foutraque, vicieux, pervers, vulgaire et absolument génial ! Hilarante de bout en bout, cette parodie des romans d’espionnage qui ont fleuri pendant la guerre froide m’a fait verser des larmes de rire. Le texte est bourré de références aux films et aux livres de gangster et de mafia. C’est aussi une brillante satire de la diplomatie internationale qui, semble-t-il, repose sur la mafia américaine qu’il est impératif de sauvegarder !

Tous les personnages sont foutrement bien montés… Attendez, non, je vais le dire autrement : ils sont tous très bien élaborés. Voilà, là, c’est mieux. Mention spéciale pour Mandelbaum dont le sexe est entouré d’une légende connue dans toute la Russie. « Sa queue est si longue […] qu’il n’a pas d’autre choix que de se l’enrouler autour du ventre et de faire un nœud gordien avec ! / Et c’est quoi un nœud gordien ? / Un nœud avec une énigme. À ce jour, un seul homme a réussi à le dénouer. / Qui est cet homme ? / Alexandre le Grand. / Mais Alexandre le Grand est mort […]. / Alors je plains Sergueï Mandelbaum. » (p. 15 & 16)

La grande majorité du texte est le récit a posteriori de l’exfiltration de Sergueï Mandelbaums. Les effets dilatoires sont savoureux et la chute est tonitruante. Et il y a une rivière qui s’appelle Prout. Oui, Prout. Si je ne vous ai pas convaincus après tout ça, j’abandonne ! Et je ne peux que vous recommander les autres romans d’Edgar Hilsenrath, Fuck America ou Le nazi et le barbier.

Ce contenu a été publié dans Mon Alexandrie. Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.