Winter

Texte de Rick Bass.

Rick Bass et son amie Elizabeth décident de quitter la grande ville et de s’installer quelque part dans l’Ouest américain. Ils trouvent une maison dans la vallée du Yaak River, dans le Montana. Lui est peintre, elle est écrivaine. Ils n’ont jamais vécu sans le confort. « C’est parfois tout à fait merveilleux de découvrir qu’on était dans l’erreur, qu’on est ignorant et qu’on ne sait rien, peau de balle. » (p. 22) En arrivant sur place à la mi-septembre, ils savent qu’il est déjà presque trop tard pour préparer l’hiver. Et préparer l’hiver, ça signifie avoir suffisamment de bois pour se chauffer. « Ça faisait une curieuse impression, assez effrayante, de savoir que ce phénomène qu’on appelle les grands froids est tapi là-bas dans le futur, dans les ténèbres, mais qu’il est assuré. » (p. 58) Mais le narrateur se découvre une passion sincère pour l’hiver et des aptitudes pour cette vie simple et rude. Tant pis si sa voiture n’est pas faite pour les montagnes. Tant pis s’il est difficile de manier une tronçonneuse. Rick Bass s’approprie l’hiver et l’hiver l’accueille en son sein blanc et pur. « Je n’arrive pas à croire que je suis si riche, que je récolte autant de neige. Tout ce qui tombe m’appartient, nous appartient. » (p. 79)

Cette lecture est l’illustration d’un fantasme personnel : je rêve parfois de tout lâcher, de me retirer du monde et de m’enfoncer dans l’hiver. De vivre dans une cabane, au plus près de la nature, avec deux chiens et le son du bois qui craque dans la cheminée. J’aime le froid et j’aime l’hiver. J’ai donc suivi le récit du narrateur avec passion et envie. Ce journal est une immersion totale dans la saison blanche et l’on voit arriver mars avec tristesse, car cela annonce le dégel. Impossible d’en douter, dans ce texte, l’hiver est plus qu’une saison ou une température, c’est presque un personnage, au moins une entité omniprésente. « Cette vallée fourmille de mystère, de beauté, de secrets – et pourtant elle ne livre aucune réponse. Quelquefois, je crois que cet endroit – si haut dans les montagnes, au milieu de bois si touffus – et une sorte de marche menant au ciel, le dernier endroit par où l’on passe avant d’y arriver pour de bon. » (p. 55 & 56) Si vous aimez les mois glacés, lisez ce livre et plongez dans l’hiver. Et lisez aussi Indian Creek de Pete Fromm, un autre récit de vie extrême dans l’hiver nord-américain.

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